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Comment entrer dans l’ère de l’agriculture bas carbone ?

Nous vous en parlions juste ici, l’agriculture avec son objectif de 4 pour 1000, a une mission majeure dans la transition écologique : faire baisser le niveau de gaz à effet de serre grâce à sa capacité à capter le carbone. Et pour réussir ce challenge, l’agriculture va devoir se retrousser les manches. Le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous dit tout sur ce nouveau tournant environnemental en faveur du climat !

Pour entrer dans l’ère de l’agriculture dite bas carbone et viser le carbone neutre, l’agriculture mondiale va devoir faire évoluer ses pratiques, modifier ses systèmes de production et se donner de nouveaux objectifs :

  • Réduire la déforestation tout en augmentant la production alimentaire, pour permettre à l’agriculture de répondre aux besoins alimentaires croissants liès au développement démographique,
  • Réduire sa consommation de carbone fossile en adaptant ses pratiques, comme par exemple réduire le travail du sol consommateur d’énergie, limiter les apports d’azote de synthèse en lui substituant  partiellement de l’azote organique et des plantes captant l’azote de l’air,
  • Encourager les pratiques agro-écologiques qui favorisent la séquestration du CO2 de l’atmosphère et le stockage de matière organique dans les sols pour répondre à l’objectif de 4‰ par an,
  • Améliorer la qualité et la structure des sols, leur portance, leur capacité à retenir l’eau et réduire l’érosion,
  • Favoriser la production de protéines végétales en diversifiant les productions,
  • Enrichir la biodiversité faunistique et floristique.

Ces objectifs ne sont pas contradictoires et la résolution de l’équation passe par deux incontournables de l’agriculture : produire plus de carbone par an et par hectare et réduire la consommation d’intrants issus de l’énergie fossile (principalement les engrais azotés et le carburant). Pour réussir cela, plusieurs voies simultanées s’offrent au monde agricole :

  • Voie n°1 : Intensifier la production agricole en augmentant le temps de présence annuel des cultures. Ainsi on peut profiter pleinement de l’énergie solaire et produire plus de biomasse par an. Il s’agit notamment de cultiver des couverts végétaux entre deux cultures, dont l’activité photosynthétique va permettre de capter puis de stocker dans le sol du carbone atmosphérique. Un peu comme des panneaux solaires captent l’énergie lumineuse.
  • Voie n°2 : Répartir le carbone organique produit par l’agriculture entre l’usage alimentaire (parties nobles du végétal) et l’usage non alimentaire (chimie du végétal, bio-intrants, biocarburants, biogaz, isolants des logements etc). L’usage alimentaire restera prioritaire et sécurisé, mais l’agriculture participera aussi largement à l’offre de produits biosourcés. Ce n’est pas nouveau, car en 1900, l’agriculture produisait l’essentiel de l’énergie nécessaire à la traction animale en y consacrant près de 6 millions d’hectares.
  • Voie n°3 : Réduire les quantités de carbone fossile utilisées par l’agriculture. Par exemple, en remplaçant tout ou partie de la fertilisation azotée minérale par des composts urbains, lisiers, fumiers ou digestats de méthanisation ; en réduisant le travail du sol (simplification du travail du sol, limitation du labour consommateur en énergie); en mettant en place des couverts de légumineuses semi-permanents (trèfle blanc sous colza pour enrichir le blé suivant en protéines) ; ou encore en recyclant des co- produits industriels et des déchets verts des collectivités via la méthanisation agricole.

Mais quels systèmes agricoles permettent de répondre à tous ces ambitieux objectifs ? Si aujourd’hui plusieurs méthodes culturales s’imposent comme autant d’alternatives durables, une chose est certaine : le rôle des cultures intermédiaires est clé. Pour rappel, les cultures intermédiaires sont des couverts végétaux mis en place entre 2 cultures pour ne pas laisser le sol nu. Si à l’origine, leur vocation est de lutter contre l’érosion des sols et la fuite des nitrates, les cultures intermédiaires qui, sauf cas particuliers, sont entièrement restituées au sol, ont pour effet d’augmenter la captation du gaz carbonique de l’air et de restituer de la matière organique … et donc de capter du carbone dans les sols !  Pour évaluer plus précisément les volumes de carbone ainsi stockés, des études ont été menées. Résultats : on sait aujourd’hui* que l’effet puits de carbone des couverts végétaux est 3 fois supérieur à celui du fumier, 1.5 fois supérieur à celui de la paille et 60% supérieur à celui du compost de déchets verts et de boue. On sait aussi, grâce à ces travaux que l’effet puits de carbone de ces couverts végétaux est nettement supérieur à celui de pratiques culturales telles que le semis direct (en non-labour). Alors, adieu puits de pétrole et bonjour puits de carbone verts ? Une chose est sûre, l’agriculture est prête à faire sa transition écologique !

*Sources Arvalis-Institut du végétal