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Entre monoculture et rotation, faut-il choisir ?

Le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent a une devise : les faits et rien que les faits. Ni lanceur d’alerte, ni lanceur de polémique, certains amalgames nous font parfois quand même dresser les épis de bottes de pailles. Aujourd’hui, on entend souvent que monoculture rime avec agriculture intensive et que les rotations n’auraient que des vertus. Alors, entre monoculture et rotations faut-il vraiment choisir, Résonnances vous dit tout !

Monoculture [nf] : succession sur la même parcelle d’une même espèce de plante année après année alors qu’il s’agit d’espèces à cycle annuel (maïs, blé, pomme de terre…). Au-delà de sa définition stricto sensu, la monoculture distingue deux réalités. D’une part les cultures pérennes comme la vigne ou l’arboriculture qui sont des monocultures… par nature ! Hé oui, pas de rotation possible quand on a besoin d’années pour pousser et commencer à produire des grappes ou des fruits de qualité en quantité. Même chose pour les prairies permanentes qui, comme leur nom l’indique ne sont jamais retournées. Et il y a d’autre part la monoculture de cultures annuelles, semées à l’automne et récoltées l’été suivant (comme le blé) ou au printemps pour l’automne suivant (comme le maïs). C’est cette forme de monoculture qui est régulièrement dénoncée. Or cette monoculture dite intensive, soupçonnée d’être généralisée ne touche en réalité que la culture du maïs et du blé. Ainsi, sur plus de 3 millions d’hectares de maïs cultivés, environ 500 000 ha sont conduits en monoculture (soit près de 15 % des surfaces en maïs et 1,6 % de la surface agricole cultivée). Pour le blé même constat, seuls environ 15 % du blé est semé après une culture précédente de blé.

À la vue de ces chiffres aucun doute, en France, la grande majorité des cultures est produite en rotation. Et plus qu’une question de convictions, c’est d’abord une question de bon sens ! Contrairement à la monoculture, la rotation culturale largement utilisée en France consiste à alterner différentes cultures sur la même parcelle. Les rotations peuvent être plus ou moins longues selon les régions, la nature de sols, le climat, les types de production et les risques sanitaires comme les champignons, les parasites animaux et mauvaises herbes. Car la principale vertu de la culture en rotation, bien connue du bon sens paysan est de protéger naturellement les cultures en rompant le cycle de leurs parasites. Ainsi, certaines espèces ne sont jamais produites plus d’une année de suite sur la même parcelle, essentiellement pour des raisons sanitaires : les betteraves, les pommes de terre, les pois protéagineux…C’est pour la même raison que l’on introduit fréquemment dans des régions à vocation céréalière des cultures de betteraves, de maïs, de pommes de terre, de colza ou de pois. Pour éviter et maitriser une éventuelle catastrophe sanitaire (forte diminution de récolte, récolte invendable), les betteraves et pommes de terre par exemple ne peuvent pas revenir sur les mêmes parcelles avant 4 ou 5 ans. Les prairies dites temporaires intègrent elles aussi, ce principe : cultivées pour plusieurs années, elles laissent ensuite la place à une succession de cultures annuelles.  La rotation des cultures n’est donc pas l’apanage de la production biologique même si celle-ci en fait un principe de base et pratique le plus souvent des rotations un peu plus longues que l’agriculture conventionnelle.

En résumé, si quelques régions françaises comme l’Alsace ou les Pyrénées-Atlantiques bénéficient d’une forte présence du maïs conduit plus fréquemment en monoculture, la France est principalement une terre de cultures en rotation. Bon sens paysan oblige !