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L’agriculture bio, plus facile ?

Depuis les années 90, le marché du bio a littéralement explosé pour atteindre en 2015 près de 87 milliards de dollars dans le monde. Et forcément, qui dit plus de bio dans vos assiettes dit plus de bio dans nos champs ! Entre 2001 et 2011, la surface des terres agricoles dédiée à sa culture a augmenté chaque année de 8,9% en moyenne. Résultat ? En 2015 dans le monde, 51 millions d’hectares étaient consacrés à l’agriculture biologique, dont plus de 11 millions d’ha dans l’Union européenne. En France, elle représente 7% des exploitations et 1 500 000 hectares cultivés, principalement en Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Bretagne et Pays de la Loire. Vous l’aurez compris, l’agriculture biologique a la cote et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin !

Si vous avez lu notre dernier article certifié 100% bio, vous savez déjà que l’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui exclut, pour la production végétale, le recours à la plupart des produits chimiques de synthèse, les organismes génétiquement modifiés (interdits en France pour toute l’agriculture) et certaines méthodes de conservation des produits. Mais… une agriculture qui se passe des méthodes de l’agriculture conventionnelle est-elle une agriculture moins professionnelle pour autant ?

Que nenni ! Loin d’être de tout repos, la culture bio doit relever un sacré défi : lutter contre les maladies, les parasites et satisfaire les besoins nutritionnels des plantes avec pour seule aide… Dame Nature. Car l’agriculture bio est elle aussi une activité économique qui doit, moisson après moisson, maintenir ses rendements et la qualité de ses récoltes. Pour que leurs exploitations soient rentables, les agriculteurs bio s’appuient au fil des saisons sur des méthodes (nouvelles ou très anciennes) 100% « naturelles ».

Pour la fertilisation par exemple, place aux fertilisants organiques. Déjections d’animaux d’élevage élevés en production biologique, composts de matières organiques, fertilisants d’origine naturelle peu transformés (potasse, phosphates issus des mines…), installation de plantes fixatrices d’azote dont la décomposition fournit de l’azote organique qui évolue en nitrates, assimilables par les plantes… Les agriculteurs ont l’embarras du choix même si les effets des fertilisants organiques sont plus aléatoires que ceux des produits de synthèse.

Pour le désherbage, il faut faire preuve de persévérance et d’ingéniosité afin de limiter la concurrence des mauvaises herbes. Destruction mécanique des adventices avant semis, adaptation des dates et des doses de semis, désherbage mécanique en végétation (ce qui est très délicat pour certaines cultures)… Les résultats sont plus aléatoires qu’en culture conventionnelle et ces méthodes consomment plus d’énergie et demandent beaucoup plus de temps.

La protection sanitaire des cultures est également un joli défi pour les agriculteurs bio, car il est difficile de préserver les cultures des attaques de parasites et de maladies sans les produits de synthèse de l’agriculture conventionnelle. Les solutions alternatives sont encore en nombre restreint et d’une efficacité irrégulière. Les agriculteurs bio ont recours à des produits chimiques naturels (soufre, cuivre…), à des variétés résistantes ou bien cherchent à créer des conditions de cultures défavorables au parasitisme. Précisons qu’en cas de problèmes sanitaires graves, des dérogations permettant d’utiliser les produits de synthèse sont accordées par les pouvoirs publics. Comparé à l’agriculture classique, le bio génère des volumes de production plus faibles et surtout plus aléatoires.

Dans les élevages bio l’usage d’antibiotiques et de médicaments vétérinaires est en général limité et l’alimentation des animaux doit être intégralement issue de cultures biologiques. Cela implique un bon niveau d’autosuffisance : les cultures où les herbages sur l’exploitation sont principalement destinés à la nourriture des animaux qui à leur tour, fertilisent les cultures.

À vrai dire, agriculture biologique et agriculture conventionnelle demandent  l’une et l’autre un grand professionnalisme. Elles partagent toute une gamme de pratiques agricoles (travail du sol, plantes de couverture, désherbage mécanique …) et d’outils d’aide à la décision (surveillance des cultures, prévision des attaques parasitaires…) Et, à l’échelle de nos territoires voire même au sein d’une même exploitation agricole, ces deux modes de production s’interpénètrent, se complètent et s’enrichissent mutuellement.

Sources : Les chiffres données chiffrées sont issues de l’agence Bio