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Légumineuses, et si on en prenait de la graine ?

Il y a deux ans, David Bowie nous quittait, les JO de Rio s’ouvraient et l’Organisation des Nations Unies déclarait 2016 « année internationale de la légumineuse ». Inutile de nous mentir, on se doute, à la rédaction du blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent que l’une de ces trois informations vous a échappé. Pourtant, n’en déplaise aux fans de Ziggy Stardust et de lancer de javelot, c’est précisément celle-ci qui aura le plus d’impact dans les années à venir. Oui, lectrices, lecteurs, les légumineuses ont de l’avenir et nous ferions peut-être bien d’en prendre de la graine. Scrollez sans plus attendre pour découvrir dès aujourd’hui le rôle économique et écologique de ces gousses sur le monde de demain.

Avant de vous parler de ce qu’elles font, laissez-nous d’abord vous parler de ce qu’elles sont : Les légumineuses, souvent appelées « légumes secs » sont des plantes aux fruits comestibles lovés dans des gousses. Cette famille regroupe une importante variété d’espèces végétales cultivées partout dans le monde dont le soja, l’arachide, le haricot, les pois, les fèves ou les lentilles. On peut en distinguer deux types :


Les légumineuses fourragères utilisées dans l’alimentation des herbivores (pâturage, foin, ensilage) parmi lesquelles on retrouve la luzerne, le sainfoin, les trèfles ou d’autres tels que la féverole ou le pois protéagineux, à partir desquelles ont fait des tourteaux.


Les légumineuses à graines comestibles par l’homme comme le soja et le pois chiche.

En France, leur production se concentre essentiellement sur la luzerne, le lupin, les trèfles et les pois protéagineux, ainsi que les pois de conserve, haricots, pois chiches, lentilles, … Cette production est parfois protégée par des signes de qualité comme la lentille verte du Puy et le coco de Paimpol qui possèdent une Appellation d’Origine Contrôlée ou le lingot du Nord et la mogette de Vendée qui ont une Indication Géographique Protégée.

Vous ne voyez toujours pas pourquoi l’œuvre de ces fèves et autres pois a plus d’avenir que la discographie de Bowie ? Laissez-nous vous expliquer ! Nos légumineuses plébiscitées par les Nations Unies ont une capacité de production de biomasse de très haute qualité. Véritable engrais vert, elles fertilisent naturellement les sols en y fixant l’azote captée dans l’air qui les entoure. Elles utilisent ce dont elles ont besoin pour leur croissance et l’homme n’a pas besoin de lui en fournir sous forme d’engrais organique ou minéral, ce qui allège le bilan carbone de ces plantes.

Mais comment nos lentilles vertes du Puy accomplissent-elles cet exploit écologique vous demandez-vous ? En s’associant avec des bactéries pardi ! On trouve en effet sur leurs racines des nodosités (de petits renflements) où se nichent des bactéries du genre Rhizobium qui y vivent en symbiose avec la plante : la légumineuse leur fournit du carbone, et elles en retour mettent de l’azote à sa disposition. Cet azote utilisable par les racines (sous la forme d’ion ammonium NH4+) est synthétisé par les bactéries à partir de l’azote de l’air (N2). Résultat, cet azote accumulé dans le sol permet de nourrir les plantes installées à proximité, soit parce qu’elles sont cultivées en même temps que les légumineuses, soit parce qu’elles sont plantées après les légumineuses qui, laissées en place, se décomposent et libèrent dans le sol l’azote qu’elles contiennent. Pour résumer, en fixant dans le sol l’azote de l’air les légumineuses agissent comme un engrais azoté, qu’il soit d’origine minérale ou organique !

Seules, sur toute la planète, capables de réaliser l’exploit d’être un engrais vert ET d’avoir une empreinte carbone égale à 0, les légumineuses méritaient bien qu’on leur consacre une année internationale.