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L’érosion, une fatalité ?

Si vous nous lisez depuis quelques temps déjà, vous l’aurez remarqué : tous les chemins mènent à l’agriculture. Que l’on parle d’écologie, d’économie, de chimie ou encore de nouvelles technologies, les cultures et leurs spécialistes ont toujours leur mot à dire. Pas étonnant donc qu’aujourd’hui, le blog de l’agriculture expliquée par ceux qui la connaissent vous parle de géographie autour d’un sujet qui fleure bon la bruyère et les falaises calcaires : l’érosion.

Avant toute chose posons-nous la question, l’érosion qu’est-ce que c’est ? L’érosion hydrique par l’eau ou éolienne par le vent, est un phénomène qui creuse progressivement les sols en emportant des petites particules de terre, ensuite entrainées dans les rivières, les glaciers, les fleuves et la mer ou par le vent dans le cas de l’érosion éolienne. Naturelle, variable selon la nature du sol et la force du courant de l’eau ou du vent, l’érosion concerne prioritairement les sols en pente et peut, si leur couverture n’est pas vulnérable ou la pression climatique par l’eau ou le vent est faible, être très réduite. Ainsi, ces phénomènes sont plus ou moins intenses selon les zones climatiques : de moyennement sensibles dans les zones tempérées à beaucoup plus accentués en zones méditerranéenne et tropicale.

Mais alors, phénomène naturel rime-t-il forcément avec danger potentiel ? Quels sont les conséquences de l’érosion ? En ville, l’imperméabilisation des sols, notamment dans les grandes zones commerciales, augmente la circulation de l’eau et peut ainsi entrainer des coulées de boue aussi spectaculaires que dramatiques lors de montées brutales des eaux. Dans les champs, d’autres problèmes sont posés par l’érosion. Premièrement, elle dégrade les terres agricoles via une perte lente de matières organiques et minérales, ou de façon plus spectaculaire sur des reliefs accidentés en provoquant ravinement et arrachement des plantes. Les pertes de terre végétale, de matière organique et d’éléments fertilisants peuvent ainsi atteindre plusieurs tonnes par hectare et par an (pour 3 à 4 000 tonnes de terre par hectare environ). Par ailleurs, l’érosion entraîne aussi des dégâts par ennoiement, envasement de bas de parcelles ou même des coulées de boues dans les cas les plus spectaculaires. Enfin, elle entraîne des perturbations dans l’environnement et dans les eaux. Bref vous l’aurez compris, lorsque l’on parle d’érosion, phénomène naturel ne veut pas dire forcément bon pour la nature !

Mais l’érosion est-elle pour autant une fatalité ? Heureusement pour nos cultures, la réponse est non ! Ce phénomène naturel étant très impacté par l’action de l’homme, le rôle des agriculteurs et de leurs cultures est logiquement primordial. Résultat, alors que les remembrements réalisés il y a quelques dizaines d’années avaient supprimé de nombreuses barrières naturelles à l’écoulement de l’eau et que le labour effectué jusqu’en bordure de rivière favorisait l’érosion et le transfert dans les rivières, les méthodes agricoles font aujourd’hui machine arrière ! L’agriculture de conservation des sols visant une couverture végétale permanente et la réimplantation de haies et de bandes enherbées à l’échelle du bassin versant, permettent aujourd’hui de corriger ces effets négatifs. En effet, la présence d’une couverture végétale diminue la sensibilité d’un sol à l’érosion en améliorant sa capacité d’infiltration, sa capacité de stockage et de restitution de l’eau tandis que l’implantation d’une haie fonctionne comme une barrière qui s’oppose à l’accélération de la circulation de l’eau sur les sols en pente. Cependant, l’érosion et ses conséquences ne datent pas de la dernière pluie, alors vous vous en doutez, les agriculteurs ont de tout temps fait preuve d’inventivité et de professionnalisme pour lutter contre ce phénomène qui menace d’un peu trop près leurs cultures ! Certaines de ces méthodes basées sur l’aménagement des territoires ont même sculpté spectaculairement des paysages du monde entier, comme les rizières en terrasses de l’Asie, les vignobles d’Orient ou encore les haies brise-vent qui ont modelé les zones côtières et bocagères de l’ouest de l’Europe. Autres méthodes qui ont fait leurs preuves : la mise en place de cultures pour couvrir et réduire les sols nus en hiver, le travail du sol selon les courbes de niveaux, l’alternance de cultures d’hiver et de cultures de printemps et la mise en place de bandes enherbées (en tenant compte des chemins de l’eau).

Alors l’érosion, une fatalité ? Non, un défi relevé par l’agriculture pour déjouer les pièges de Dame Nature !