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Quelles sont les racines des plantes cultivées ?

Qui pourrait croire que les plantes que nous voyons chaque jour fleurir dans nos champs ont parfois plus voyagé que nous ? Hé oui, ce n’est pas parce que celles-ci ont la tige bien plantée dans l’hexagone que leurs racines sont pour autant franco-françaises.

D’où viennent les plantes cultivées ?

C’est le botaniste franco-suisse Alphonse de Candolle qui fut, par son livre sur « l’origine des plantes cultivées » en 1883 le précurseur des travaux en la matière. Par la suite, l’agronome russe Nikolaï Vavilov fut le 1er à établir une «carte des centres d’origines des plantes cultivées» en 1926. Selon ses travaux, 12 grandes régions du monde concentreraient la plus grande diversité des espèces végétales. De nos jours, le développement des techniques de biologie moléculaire permet de traquer avec une extraordinaire précision les chemins quelquefois tortueux pris par les plantes pour parvenir jusqu’à nous.

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Dans ces «centres de diversité» poussent encore aujourd’hui les plantes sauvages à l’origine des principales espèces cultivées dans le monde. Leur étude permet l’amélioration génétique des espèces et la création de toutes nouvelles variétés. On peut également trouver dans ces régions des gènes qui se sont perdus au fur et à mesure de la domestication ou des échanges de ces plantes.

En France, certaines de nos cultures les plus populaires ont des racines géographiques très lointaines comme notre si familière pomme de terre originaire du Pérou ou le maïs tout droit arrivé du Mexique où l’on a retrouvé ses 1ères traces datant de 5000 ans avant notre ère. Issu de la domestication de la téosinte (une céréale sauvage native d’Amérique centrale) par les civilisations indiennes mexicaines, le maïs a ensuite été importé en Europe il y a près de 500 ans par les espagnols avant de se répandre de l’Europe du Sud à la mer Noire, le Proche Orient et l’Afrique du Nord. S’il a colonisé dès le 18ème siècle les zones de cultures traditionnelles, il s’est diversifié jusqu’à devenir aujourd’hui l’une des plantes les plus importantes pour notre alimentation directe ou indirecte dans le monde entier.

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L’oranger est quant à lui asiatique, originaire d’une région allant du Nord Est de l’Inde à la Chine en passant par la Birmanie. Les Perses amateurs des savoureuses oranges amères les ont transmises aux grecs (rappelons-nous Hercule et les « pommes d’or des Hespérides ») puis aux Arabes, avant qu’à leur tour les Croisés ne les découvrent au XIIème siècle et les implantent sur le bassin Méditerranéen. C’est au XVème siècle que les navigateurs portugais rapportèrent dans les cales de leurs navires du Sud-Est asiatique l’orange douce. Son succès fut tel en Europe qu’elle évinça son amère cousine. Aujourd’hui, l’orange est le 4ème fruit le plus cultivé au monde.

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Ainsi, l’histoire de nos cultures s’est écrite en même temps que celles des grandes découvertes et des conquêtes. Au néolithique déjà, des espèces domestiquées comme l’orge, les lentilles ou les pois ont peu à peu été diffusées du Proche-Orient vers l’Europe, suivant le chemin de l’homme alors nomade.

À Rome, les plantes utiles à l’alimentation étaient prélevées dans les pays vaincus avant d’être acclimatées et figuraient parmi les prises de guerre au même titre que les autres trésors. Au XVIème siècle, c’est la découverte du Nouveau Monde qui a ouvert un autre champs des possibles aux botanistes et savants qui inventorièrent les espèces américaines (tomates, haricots, pommes de terre, maïs…) avant de les importer et de les faire pousser dans une Europe où la famine menaçait.

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Et si finalement, pour connaître les racines des plantes cultivées en France, il suffisait de connaître celles de notre histoire ?

Sources Gnis et Inra (Moulon)