Pourquoi vouloir devenir agriculteur ?
Ludovic n’était pas vraiment prédestiné à devenir éleveur de vaches laitières, mais il a toujours été attiré par le monde agricole. À 29 ans, il a réalisé son rêve de jeunesse…
Il est né à Plouzané de parents qui n’étaient pas issus du monde agricole. “L’idée m’est venue à l’adolescence. J’avais un oncle agriculteur, j’allais souvent passer mes vacances et mes week-ends chez lui.” Son stage de 3e dans une ferme conforte son choix. À la fin du collège, Ludovic s’oriente donc vers un BEP productions animales, suivi d’un bac pro comptabilité et gestion d’une exploitation agricole, puis d’un BTS Analyse et conduite d’une exploitation agricole avec un stage au Vietnam. À 21 ans, il termine ses études avec l’idée déjà de s’installer sur son propre élevage. “Mais ma formation n’était pas suffisante. Il fallait quand même que j’acquiers de l’expérience avant.”
Parcours d’installation
Il devient donc salarié agricole. “J’ai toujours voulu être éleveur. J’ai travaillé dans trois fermes laitières avec différents systèmes.” Son projet mûrit. Il étudie successivement deux reprises d’élevages sans aboutir. “Un jour mon employeur m’a dit qu’il souhaitait arrêter l’élevage pour produire des cultures végétales. Je lui ai proposé de reprendre s’il se retirait complètement et il a accepté.” Nous sommes en janvier 2020 et Ludovic entame son parcours d’installation, avec notamment le stage 40 heures avec la Chambre d’agriculture. “Ce sont des journées de formation sur différents thèmes comme la gestion, le social, les relations humaines, les produits phytosanitaires… Même s’il y a d’autres critères, ça conditionne les aides à l’installation.” On dit souvent qu’il faut un an à un an et demi pour s’installer en agriculture. Ludovic boucle son parcours en dix mois. “Il faut se mettre d’accord avec le vendeur sur un prix en fonction des capacités de remboursement, obtenir l’autorisation d’exploiter les terres des différents propriétaires…”
Travailler sur du vivant
Avec quelque 80 vaches sur 65 hectares, Ludovic produit 750 000 litres de lait par an. Il a en fait repris les parts que son prédécesseur partageait dans une société avec un éleveur porcin. “Mon associé s’occupe des génisses, et cultive le maïs et le fourrage pour les vaches laitières. On partage les astreintes, on discute des choix à faire. C’est confortable de ne pas être tout seul !” On se demande si les difficultés du monde agricole et de l’activité laitière ne l’ont pas fait hésiter. “Ça m’a interrogé… Ce n’est pas une activité facile, mais j’ai beaucoup d’espoir. On aura toujours besoin de manger trois fois par jour. J’espère que l’on va réussir à faire comprendre que nous sommes importants. Il faut aussi que les industries agroalimentaires et la grande distribution jouent le jeu. Mais la crise sanitaire fait bouger les choses : les consommateurs font de plus en plus attention à ce qu’ils mangent et veulent des produits locaux.” Pour l’heure, il ne regrette absolument pas son choix. “J’aime être à l’extérieur, travailler avec le vivant, animal ou végétal, voir les évolutions, gérer aussi. C’est un statut plaisant et un métier très varié. Il n’y a pas vraiment de journée type et chaque saison est différente…”
Témoignage de Ludovic Mazé, agriculteur.
“Être agriculteur, c’est un projet de vie ! C’est un beau métier qui requiert de la polyvalence et de multiples compétences : il faut être bon technicien, commercial, gestionnaire… Dans le Finistère, la moitié des agriculteurs ont plus de 50 ans… Ils seront à la retraite dans dix ou quinze ans, il y aura donc beaucoup d’opportunités de reprises. Aujourd’hui, l’agriculture attire de nouveaux profils et de plus en plus de jeunes qui s’installent ne sont pas issus du monde agricole. C’est une bonne nouvelle, car nous allons avoir besoin de sang neuf dans nos élevages.” Didier Miossec, éleveur porcin à Riec-sur-Belon (29), vice-président des jeunes agriculteurs du Finistère