Pourquoi n’élève-t-on pas tous les animaux dehors ?

Cochons
DAVID RIOU

Aujourd’hui en France, la majorité des animaux d’élevage sont élevés en bâtiment. C’est notamment le cas de plus de 98 % des porcs charcutiers. Pourquoi ne pas les élever plutôt dehors ? David Riou, éleveur de porcs à Plouvorn (29) nous éclaire sur la question.

À 39 ans, David Riou est éleveur de porcs depuis 2004. Sur son élevage, il travaille avec son épouse et trois salariés. Il fabrique lui-même ses aliments.

« Dans les années 1970, la plupart des élevages de porcs étaient en plein air ou dans des bâtiments très rudimentaires : une simple cour avec une cabane pour que les truies puissent mettre bas et élever leurs petits. Pour les animaux comme pour l’éleveur, les conditions étaient rudes, surtout l’hiver. Bien des porcelets ne tenaient pas le coup, car les porcs sont des animaux fragiles. C’est pourquoi le plein air concerne aujourd’hui peu d’élevages, et plutôt petits car cette méthode nécessite beaucoup de surveillance  ». Dans son élevage de Plouvorn (29), David Riou élève 600 truies et leurs porcelets en bâtiment, nourris avec des céréales locales qu’il produit lui-même ou achète à ses voisins. Ses animaux, il les connaît parfaitement, pour en prendre soin 7 jours sur 7. « Les porcs sont très sensibles aux variations météorologiques, la pluie, le vent, la chaleur. Dehors, ils sont aussi plus exposés au contact d’animaux sauvages, notamment les sangliers porteurs de maladies, ou les renards, de vrais prédateurs pour les porcelets. Les élever en bâtiment, c’est créer une bulle sanitaire pour les protéger et à chaque stade, leur fournir les conditions idéales, notamment en maîtrisant la température et la ventilation à l’intérieur et ainsi sécuriser la qualité alimentaire de la viande ».

Maîtriser les prix de vente

David Riou insiste : élever les porcs en bâtiment, ce n’est pas les élever en cage. C’est même interdit depuis 2012. « Le seul moment où la truie est seule dans sa stalle, c’est lors de la préparation de la gestation et les trois-quatre semaines après sa mise-bas, pour qu’elle n’écrase pas ses petits lorsqu’elle les allaite. Le reste du temps, elles vivent en groupe de six minimum ». Certains éleveurs expérimentent de nouvelles voies pour augmenter encore le confort des animaux, comme un accès à une cour extérieure, au prix d’importants investissements fonciers. « Une place d’engraissement pour un porc charcutier dans un élevage avec accès extérieur revient à 700 € par animal, contre 400 € sans, souligne David Riou. De même, pour gagner sa vie, un éleveur doit être payé 1,60 € le kilo de viande s’il travaille en bâtiment, contre 4 € en plein air. Généraliserces méthodes aurait un coût sur le prix de vente aux consommateurs, incompatible avec certains budgets. Le risque serait de devoir importer de la viande de porc d’ailleurs, et de pays où les conditions sanitaires ne sont pas aussi sûres qu’en France ».

L’élevage en bâtiment permet de mieux sécuriser les conditions de vie des animaux, en leur fournissant ce dont ils ont besoin au moment où ils en ont besoin.

En avoir pour tous les goûts

Côté qualité, David Riou l’assure : il n’y a pas de grande différence entre un cochon élevé en bâtiment et un autre élevé en plein air. « Tous les élevages sont soumis à des contrôles sanitaires stricts. Les cochons élevés en plein air ont seulement tendance à être plus gras en relation avec leur alimentation. Cela leur donne plus de goût ». L’enjeu est finalement de laisser le choix, à l’éleveur comme au consommateur, pour proposer une gamme de prix variée, avec une viande toujours de qualité. « Le tout est de trouver un équilibre entre une nourriture saine et accessible à tous, en permettant à ceux qui le souhaitent d’acheter différemment », conclut-il.