Arnaud Edern et Mathilde Argouarch
Bonjour, merci à Guillaume Divanach d’avoir précédemment animé la page. Cette semaine, nous serons deux pour vous témoigner ! Je m’appelle Arnaud Edern, j’ai 34 ans, je suis marié depuis un an et j’ai une petite fille. Je suis producteur de légumes et de mini-légumes à Tréflaouénan (29), dans une ferme créée par mes arrière-grands-parents. Au début, c’était quelques vaches et cochons. Mon grand-père a poursuivi l’élevage de vaches laitières et de porcs avec à côté des légumes. Mon père a modernisé l’élevage et grandement développé modernisé et diversifié les légumes mais il a arrêté l’élevage porcin en 2008 et le lait en 2010. Nous sommes en pleine zone légumière, nous nous ne sommes pas posés trop de questions sur ce que nous allions faire en remplacement.
J’ai un BTS ACSE passé à l’IREO de Lesneven, que j’ai enchaîné avec une licence en Management des Organisations Agricoles. C’était en alternance avec Finistère Remplacement., je me suis installé en 2011 en ajoutant un atelier mini-légumes à la ferme de mes parents. Depuis, je suis associé avec ma mère Gisèle.
Sur la ferme, nous avons 2.5 ha de serres et 60 ha de légumes de plein champ : 10 ha d’échalotes, 25 ha de choux, 1.5 ha de mini-carottes et 10 ha d’artichauts. Je livre mes légumes à la coopérative SICA de Saint Pol de Léon. Vous les retrouverez sous la marque Prince de Bretagne. À côté de cela, je cultive du maïs grain et de l’orge pour les rotations et faire des échanges paille-fumier.
Travaillent avec moi et mes parents, Mathilde, Florin, Jean-Lou et Nelly. En périodes de grosse activité, une vingtaine de saisonniers nous rejoignent. Mathilde est la dernière arrivée, je la laisse se présenter :
Bonjour, je m’appelle Mathilde Argouarch, j’ai 31 ans, j’ai commencé à travailler chez Arnaud mi-novembre dernier pour conditionner les mini-carottes pendant 1 mois. À la fin du contrat, j’ai insisté pour qu’il me garde car je voulais faire du plein champ. J’ai fait un essai : il m’a appris à couper les choux-fleurs, à planter les échalotes et me voilà chez lui depuis janvier. Ce n’est pas du tout là où on m’attendait : j’ai fait des études littéraires, passé 7 ans en crêperie, travaillé un peu dans la vente… J’ai effectué quelques missions courtes en agriculture auparavant. Désormais, je pense avoir trouvé mon truc, j’apprends plein de choses chaque jour comme vous en apprendrez peut-être avec nous durant la semaine !
On fait les mises en place de légumes tout au long de l’année. Les carottes, c’est toute l’année à partir de mi-juin pour en avoir un peu tout le temps. Ensuite, on s’occupe des légumes de plein champ durant l’hiver.
Dans notre organisation quotidienne, les commandes de mini-légumes arrivent la veille vers 16h. Ils doivent être conditionnés et livrés au dépôt le lendemain pour 14h !
Pour les légumes, la particularité est qu’on fonctionne au jour le jour. On peut changer d’activité deux trois fois dans la journée ! Dehors, on peut arracher les légumes, planter, charruer… et si le temps tourne, on va faire des barquettes, travailler en serres…
Ce soir, on parle échalote. La plantation débute fin février, début mars. Le temps qu’elles poussent, on entretient les parcelles (on tire les mauvaises herbes, on protège les cultures du mildiou, on retire les plants malades ou avec des défauts). À partir de mi-juin, on commence à les arracher pour les proposer « en vert », on les équeute et on coupe les racines. Début juillet, on les arrache normalement et on les vend en demi-sec « du champ ». Ensuite, on les stocke en cellules ventilées pour les vendre tout au long de l’année jusque début mai.
Certains ont des frigos et les proposent jusqu’aux récoltes suivantes.
La culture d’échalotes demande beaucoup de patience à la plantation et durant toute la pousse.
Il faut savoir qu’une partie des échalotes est stockée pour être plantées l’année suivante, elles germent et se multiplient comme les pommes de terre.
Les choux-fleurs se plantent de maintenant jusqu’au 15 août. On lisse la production de choux-fleurs tout au long de la saison, du 15 août au 15 mai, de manière à récolter 1 ha chaque semaine. On a des variétés adaptées pour chaque saison. On doit veiller à ce que les choux survivent à l’hiver et qu’il n’y ait pas d’excès d’eau.
On plante les artichauts de mars à fin mai. Cette année, on a fini tôt. Ils vont donner du 15 août jusqu’aux gelées (mi-octobre-mi-novembre). Là, ils seront broyés et passeront l’hiver en souches. Ils formeront des drageons, comme les fraisiers. On va les dédrageonner, c’est-à-dire retirer les drageons pour n’en laisser qu’un seul. Avec une grosse racine et un seul drageon, l’artichaut va gagner en précocité pour pouvoir être récolté début juin.
Les mini-carottes, c’est un semis par semaine. Savez-vous pourquoi elles sont petites ? Pas questions d’OGM ou récolte hyper précoce, c’est lié à la densité ! C’est un petit légume, plus concentré qu’une carotte normale, plus tendre et plus sucré.
On la produit à l’année et on complète les productions des autres agriculteurs. On les conditionne à la ferme en barquettes. Une partie est destinée aux GMS, une autre part en restauration.
Comme je vous le disais en début de semaine, pas de routine en agriculture ! Je peux être mécano, conducteur d’engin, RH, comptable, informaticien, responsable qualité, logisticien, manager d’équipe, frigoriste, agronome… Côté équipe, j’ai l’avantage de pouvoir adapter les tâches de l’équipe en fonction du temps
Mes besoins de saisonniers sont à contretemps des producteurs de tomates voisins. En tomate, les saisonniers travaillent d’avril à octobre. Ma grosse période, elle, va du 15 novembre à mi-janvier. Les saisonniers peuvent ainsi compléter leur agenda.
Avec un producteur de tomates, nous prévoyons de créer un groupement d’employeurs pour étaler les saisons et les plannings. On s’entend bien tous et je pense que ça rassure les gens d’avoir de la continuité dans leurs activités. Pour les échalotes, je passe en priorité par l’ANEFA 29. Ensuite c’est le réseau et le bouche-à-oreille. Depuis peu, je mets des annonces sur leboncoin pour des missions courtes.
Quand on a des nouveaux, j’essaye de leur apprendre les bons gestes ou à déplacer un tracteur (c’est plus pratique pour le boulot et pour la logistique). Sur un chantier, j’essaie d’expliquer les choix que je fais par rapport aux maladies, aux cycles des cultures, les densités, les besoins des plants… C’est peut-être technique mais autour de vous, combien de personnes connaissent la saisonnalité des légumes ?
Je cherche la motivation des gens quand je souhaite recruter. Mathilde a insisté pour essayer les choux. Je me rappelle la première fois, avec son pantalon trop grand. Elle n’a pas pris sa pause pour poursuivre le boulot. Elle a été chercher la fin du chantier avec les dents ! Quand ça vient d’une personne qui n’est pas issue de l’agriculture, je trouve que ça fait la différence.
C’est Mathilde pour finir la semaine !
Dans ce métier, j’adore le fait que les journées ne se ressemblent pas. Comme je suis encore en phase d’apprentissage, j’ai plein de choses à apprendre : le cycle des cultures, les sols… C’est un plaisir de venir. Arnaud, Gisèle, René et toute l’équipe m’apprennent plein de choses. L’équipe est super sympa et on s’entend tous bien.
Il y a plein de gens qui ont peur de venir travailler en agriculture pour différentes raisons : c’est physique, la météo, les températures, etc. J’avais aussi cette image de métier hyper difficile avec le temps, l’aspect physique. Et finalement ça ne me dérange pas et j’ai même demandé à travailler en plein champs. L’hiver, la pluie, ça n’a pas été un souci et ça ne l’est toujours pas. Physiquement, ça reste accessible.
Pour ceux qui se poseraient des questions, je dirais qu’il ne faut pas hésiter. Il y a suffisamment de choses différentes, de polyvalence dans l’agriculture pour voir autre chose si cela ne nous plaît pas. C’est dommage de se mettre des freins avant d’avoir essayé.
Merci de nous avoir suivis cette semaine ! Lundi prochain, Corinne vous fera partager le quotidien de ses Biquettes et barbichettes !