Stéphane Delannée
Lundi
Bonjour, je m’appelle Stéphane Delannée et j’élève des Blondes d’Aquitaine à Bruc-sur-Aff en Ille-et-Vilaine. Je suis issu d’une famille d’agriculteurs : mon père faisait du lait et des cochons sur une petite ferme. La pression foncière étant devenue trop importante, il n’a pas pu se développer. Il a fini par travailler à l’extérieur. Ma mère a repris en viande bovine avec des Blondes d’Aquitaine Label Rouge. Ne pouvant m’installer tout de suite, j’ai mené des études en maintenance industrielle. J’ai ensuite exercé le métier de mouliste pour l’automobile et technicien de maintenance industrielle dans une entreprise de mécanique. Ceci pendant 14 ans.
J’ai toujours eu ce besoin viscéral de revenir vers l’élevage, cette idée de m’installer ne m’a jamais quitté. J’ai repris mes études à 30 ans et repassé un BPREA au Rheu en 2010. Au terme de cette année, j’ai eu l’opportunité de reprendre une exploitation en Blondes d’Aquitaine qui se situait à côté d’une autre ferme. J’ai repris 40 vaches et 20 génisses, avec cet atout que le parcellaire était très groupé. Idéal pour l’élevage, ce qui m‘a permis de m’installer en mars 2011.
Aujourd’hui, l’élevage compte 110 vaches allaitantes, leurs veaux et 60 génisses. J’ai diversifié mon élevage vers la vente directe et la production d’énergie verte (photovoltaïque) avec toujours le lien social en tête.
Bonne semaine en ma compagnie !
Mardi
J’aime ce côté élevage, m’occuper de mes animaux même si la situation est compliquée en viande bovine. En période hivernale, toutes les naissances sont groupées. Ça me permet d’intervenir rapidement et au calme si besoin. Sur 100 mises-bas, j’aide 30 veaux à naître. Voir un veau en bonne santé, sur une litière bien paillée et éteindre la lumière est ma plus grande satisfaction.
Nous sommes avant tout éleveur et proches de nos animaux. Au moment de la naissance du veau, je respire dans ses naseaux pour qu’il s’imprègne de mon odeur. Au sevrage, je suis là pour qu’il sente ma présence. Et pour la vache qui va mettre bas pour la première fois, je reste à ses côtés pour la rassurer. Pour vous expliquer la vidéo : cela faisait 3 jours que le veau ne voulait pas téter. Là, il a un déclic et il trouve enfin la mamelle. Et ça, ça fait plaisir !
Mercredi
Puisque le temps le permet, j’entame la deuxième coupe d’ensilage d’herbe. Sur la ferme, j’ai beaucoup de pâturages. C’est une source d’alimentation complète pour les vaches. La vache, c’est le meilleur épandeur et la meilleure ensileuse 😊
Ma prairie est variée en espèces d’herbes. Nous aussi sommes acteurs de la biodiversité.
Prochain objectif, finaliser les foins !
Jeudi
Le lien social est vraiment important pour moi, pour expliquer mon métier. Les gens sont demandeurs de produits locaux. Mes parents le faisaient déjà mais à petite échelle. Je l’ai développé sur la ferme. C’est un moment toujours agréable de voir le sourire des gens et de maintenir l’échange.
Ils sont toujours intéressés par nos pratiques et bienveillants à mon égard. J’ai peu de mauvais retours et je prends tous les avis. Mes clients ont établi un colis-type suite à leurs demandes.
Dans un contexte difficile en viande bovine, il fallait absolument me diversifier. Le photovoltaïque a été une alternative que j’ai retenue. J’ai toujours été attiré par la mécanique avec mes études. La revente d’électricité complète mon revenu tout en étant une source d’énergie vertueuse pour moi.
Vendredi
Malgré la conjoncture et le non-soutien de nos représentants, nous continuons d’y croire puisque je souhaite transmettre la ferme à mon fils. Nous avons tous deux à cœur de maintenir la biodiversité sur le territoire et de voir des animaux pâturer dans les champs.
On a 25 km de clôtures. Oui, on y passe du temps sur ces clôtures, à débroussailler et aux vêlages… mais on reste éleveur. Je pourrais faire demi-tour mais c’est viscéral. Je ne suis bien que sur mon tracteur ou avec mes animaux. Même si mon fils reprend, j’aurais toujours besoin de ce contact avec les animaux.
Mon père m’aide beaucoup par son âme d’éleveur et sa vigilance du troupeau. Mon fils, avec sa niaque, m’aide dans les moments difficiles. Ce lien entre agriculteurs est précieux. Je travaille d’ailleurs avec une CUMA. Nous avons tous entre 30 et 55 ans, nous avons plaisir à travailler et à discuter ensemble, avec des réunions qui se terminent toujours par un moment convivial. L’entraide entre agriculteurs avec nos 5 fermes est très importante.
J’espère vous avoir partagé sincèrement mon métier et ma passion. Agribretagne et moi vous souhaitons de bonnes vacances d’été !