Yoann Février

Yoann Février
Éleveur de lapins
Monteneuf (56)

Lundi

Bonjour à toutes et à tous, merci à Gaël pour la semaine dernière. Je m’appelle Yoann Février et je suis éleveur de lapins à Monteneuf (56). J’ai 38 ans, je suis marié avec 3 filles. J’ai un BEP production porcine passé au Lycée La Touche et un Bac Pro dans l’agroéquipement que j’ai décroché à la MFR de la Rouvraie à Montauban.

Ensuite, j’ai travaillé pendant 10 ans en tant que chauffeur et mécanicien. J’ai repris l’élevage familial en 2008, créé par mon père. J’ai racheté en 2010 l’élevage de lapins d’un voisin à 10km. Aujourd’hui, j’ai fermé ce site avec le projet d’en faire un espace de stockage de matériels.

Ici, j’ai 590 femelles et j’engraisse entre 4500 et 5000 lapins. Cette taille d’élevage me permet d’y travailler seul.

Bonne semaine !

Mardi

Comment fonctionne un élevage de lapins ? Il faut savoir que la lapine porte ses petits pendant 1 mois. Après la mise-bas, elle allaite ses petits pendant 28 jours. Ils restent avec la femelle jusqu’à 35 jours. A partir de cet âge, ils sont assez grands pour aller dans une autre salle pour grossir jusqu’à 72, 73 jours.

Je travaille en respectant une charte qualité qui s’appelle le Noir de Kervor. Le lapin est né, élevé et abattu en Bretagne. Les lapereaux sont colorés (blanc, noir, bicolore, noir, marron, gris…), aux yeux noirs. Au quotidien, c’est plus dur de les voir, j’ai besoin d’une lampe frontale pour bien les dissocier dans leur nid :p

Cette charte respecte les engagements de l’association Bleu Blanc Cœur, leur alimentation est enrichie en graine de lin.

Les animaux sont transférés à 35 jours vers la partie engraissement en plein air. Ce sont des sortes de clapiers modernes (pas de toits, pas de murs). S’il faut, je peux moduler l’ouverture du chapiteau pour la ventilation.

Je rassure tout le monde vues les températures actuelles, le lapin ne craint pas le froid. Il faut surtout se prémunir des variations de température et des chaleurs au-delà de 27-28 degrés. Pour l’été, ils ont un système de brumisation pour les rafraichir.

Mercredi

Je suis très attaché à l’agriculture de conservation de la vie du sol. Le principe : aucun travail profond (ou très peu) de la terre. Je fais des rotations allongées des cultures et le sol est toujours couvert par un couvert végétal ou une culture, voire les deux.

Le but est de stocker le maximum de carbone dans le sol. Par l’allongement des rotations et les couverts, le sol ne bouge pas et reste vivant. Ainsi, je réduis l’ensemble des intrants (engrais ou produits phytosanitaires).

C’est un travail de longue haleine, j’y travaille depuis que je suis installé ! J’apprends tous les jours, j’expérimente tous les ans. Là, j’essaye de déterminer quelle est la meilleure plante accompagnatrice de mes couverts. Une plante qui resterait sur toute la rotation et avec mes autres cultures. Je pense me diriger vers le trèfle blanc nain pour ceux que ça intéresse. Pour se faire, mon passé de mécanicien me sert beaucoup. J’aime bien fabriquer et modifier mes semoirs.

Jeudi

Ce matin, c’est surveillance des lapines. Je m’assure que les lapereaux ont bien bu leur lait et que tout le monde va bien. Je vérifie que la ventilation, le chauffage, les chaînes d’alimentation et la lumière sont en état de marche dans la salle.

Cet après-midi, j’entretiens mon matériel. Nous sommes en fin d’année, les semis d’automne se sont arrêtés il y a quelques semaines. Il est temps de laver, graisser, réparer… pour préparer la future saison des semis de printemps !

Ce soir, j’ai deux meubles à monter pour mes filles. J’ai un peu de temps cette saison, alors j’essaie de profiter un maximum de ma famille avant le réveil de la nature où on ne va pas chômer. De base, je me suis organisé de telle façon que je puisse être le plus possible avec mes enfants et ma femme. Après, il y a des périodes où c’est moins facile que d’autres. Donc si je peux, je passe du temps avec elles.

Vendredi

Un peu de hauteur aujourd’hui. Notre filière travaille beaucoup sur l’acceptabilité du logement de nos animaux. L’interprofession porte des réflexions et des essais sur des nouveaux modes de logement, sans qu’il n’y ait de réglementation française ou européenne bien définie.

L’Union Européenne lance l’année prochaine une consultation des filières pour un objectif à 2027. Est-ce qu’élever des lapins en plein air comme je le fais sera toujours pertinent ? Vont-ils imposer un autre modèle qui remet en cause le mien et va engendrer des coûts conséquents si je veux continuer à élever des lapins ? Demain, pourrais-je vivre de mon métier si on fonctionne comme ça ?

Beaucoup de questions qui trottent dans ma tête et qui resteront peut-être un peu dans la vôtre en cette fin d’année.

C’est terminé pour moi cette semaine, merci de m’avoir suivi ! Clap de fin pour Agribretagne également pour 2021, on se retrouve en 2022 pour une nouvelle saison 😊 D’ici là, passez de bonnes fêtes de fin d’année et savourez nos bons produits bretons !