Anne Postic

Anne Postic
Éleveuse de porc
Pleyber-Christ (29)

Lundi

Merci Antoine pour ton témoignage la semaine passée.

Je me présente, Anne Postic, éleveuse de porcs sur la commune de Pleyber-Christ (29). Au départ, je rêvais de devenir vétérinaire, mais j’ai vite réalisé que c’était un chemin trop difficile pour moi. Cependant, je souhaitais toujours travailler en contact avec les animaux. J’ai découvert l’élevage durant un job saisonnier d’été et cela m’a tout de suite donné envie de continuer dans cette voie. J’ai donc suivi un BTS en productions animales et un certificat de spécialisation comme technicienne d’élevage porc.

Auparavant, j’étais salariée dans un élevage conventionnel où j’ai pu expérimenter différentes méthodes de conduite d’élevage. Puis, j’ai trouvé ce site d’élevage. Nous avons étudié le dossier avec divers professionnels spécialisés dans l’installation. Avec l’ancien propriétaire, nous avons établi un contrat de parrainage. Pendant plusieurs mois, il m’a accompagnée, ce qui m’a permis de bien connaître l’élevage dans ses moindres détails.

Cette ferme avait l’avantage d’être un outil opérationnel immédiatement que ce soit en termes de biosécurité qu’en termes de bien-être animal.

Suivez-moi cette semaine et n’hésitez surtout pas à me poser vos questions en commentaires !

Mardi

Suite à la reprise, j’ai apporté plusieurs changements pour adapter l’élevage à ma façon de faire. Nous sommes passés de trois à deux personnes et j’ai modifié le mode de conduite, passant de 15 jours à une conduite (la conduite d’un élevage se compose de trois périodes principales : le naissage, le post-sevrage et l’engraissement. A chaque stade de développement des animaux correspond un espace adapté à leurs besoins spécifiques) de 3 semaines.

J’ai également changé la génétique de mes truies. Désormais, je travaille avec des truies plus maternelles, ce qui réduit considérablement le risque qu’elles écrasent leurs porcelets et facilite les interventions de soins. Par exemple, à l’heure des repas, elles laissent d’abord les porcelets téter avant d’aller se nourrir elles-mêmes. L’ancienne souche, elle, se précipitait directement vers la nourriture.

J’ai aussi réalisé des travaux importants pour améliorer nos conditions de travail et regrouper toutes les activités sur un seul site. Auparavant, il y avait un second site, ce qui rendait le transport des animaux peu pratique et source de stress pour eux.

Je pense également rénover certains bâtiments pour y aménager des zones de vie et des accès à l’air libre pour mes cochons. Je suis très concernée par les conditions de bien-être animal. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi ce métier.

Mercredi

Je collabore avec une salariée, Léa, qui travaillait déjà sur la ferme avant que je la reprenne. Mon mari vient également nous aider, mais il est plus impliqué dans la partie cultures. Pour les cultures, tout est délégué à une entreprise de travaux agricoles (ETA), mais il y a toujours quelque chose à faire.

Nous exploitons 164 hectares, incluant des prairies pour le foin. Cette diversité de cultures et de méthodes nous permet de garantir une alimentation locale de qualité pour nos animaux tout en optimisant nos ressources.

Une grande partie de nos cultures sert à l’alimentation des porcs charcutiers. Le reste est vendu. Nous complétons avec des aliments achetés auprès du groupement. Nous produisons du maïs et du colza que nous revendons, car nous n’avons pas de machine à soupe et la nourriture des cochons est en farine sèche.

Jeudi

Nous avons aussi investi dans des outils pour simplifier notre travail. Par exemple, nous avons acquis un chariot de vaccination pour faciliter l’administration des vaccins aux porcelets le jour du sevrage ou le lendemain. On les fait monter dedans pour les mettre à la bonne hauteur, ce qui nous évite de nous casser le dos et réduit les manipulations.

De plus, j’ai acheté un robot de lavage qui nettoie lui-même les cases en engraissement. Il s’occupe des parois, du sol et des nourrisseurs, réalisant une salle en 2 heures. Cela nous permet de gagner beaucoup de temps, car nous pouvons nous consacrer à d’autres tâches pendant qu’il travaille.

Nous avons toujours des projets d’évolution, que ce soit pour la facilité, le confort ou la technicité. Cela permet de préserver notre outil de production sur la durée. Par exemple, pour transférer les porcelets, nous n’utilisons plus de bétaillère. Désormais, ils suivent un parcours qui leur évite ce transport, et c’est aussi le cas pour les truies de réforme.

Vendredi

J’ai trois enfants âgés de 3 à 8 ans. Il est donc primordial d’adapter mon travail en fonction de ma vie de famille. Ici, on travaille de 9h à 17h. Il peut arriver de déborder, mais on essaie de l’éviter au maximum. Nous prenons des week-ends et partons en vacances pour maintenir un bon équilibre.

Les enfants viennent parfois à l’élevage quand ils ne peuvent pas être gardés. Cela leur permet de découvrir mon métier. Nous avons aussi aménagé un espace pour qu’ils puissent jouer dans la salle de pause. On travaille moins vite, c’est sûr, mais on prend le temps de leur expliquer notre activité et de répondre à leurs questions. C’est important de transmettre notre passion et de les impliquer dans ce que nous faisons.

L’élevage est bien plus qu’un simple travail, c’est une passion que je partage avec ma famille, et cela contribue à notre bien-être à tous.

Merci d’avoir pris le temps de lire cette semaine. J’espère que cela vous aura plu. La semaine prochaine, ce sera Stéphane, éleveur de bovins allaitants qui prendra ma suite. A bientôt !