Fréderic Diot

Frédéric Diot
Frédéric Diot
Maraîcher
Mordelles

Bonjour, merci à l’équipe de la station des Bouviers d’avoir animé Agribretagne la semaine dernière.

Je m’appelle Frédéric Diot, j’ai 49 ans. Je suis petit-fils et fils de maraicher, installé depuis 20 ans à Mordelles (35). J’ai fait des études horticoles à Langueux (un BTA suivi d’un BTS). Je me suis installé en 2001 avec mes parents qui avaient déjà des serres à Chavagne mais n’avaient pas la possibilité de s’agrandir. Nous avons trouvé ce terrain ici à la Brasardière et nous avons investi ensemble pour mon installation. Nous avions 3 ha. En 2004, ils ont vendu leur site de Chavagne et nous avons reconstruit 1ha de serres à Mordelles pour conserver la même superficie et faciliter la gestion.

Je possède donc aujourd’hui environ 3 hectares de serres. À l’origine, je ne cultivais que de la tomate grappe. Je me suis diversifié, d’abord timidement sur 2 500 m² avec de la noire de Crimée et de la Côtelée rouge, variété type marmande. Tous les ans, j’ai augmenté la surface pour atteindre aujourd’hui 1.3 ha de tomates anciennes, 1.2 ha de cerises et 5000 m² de grappe. Cette année, je lance un nouveau segment avec des mélanges de tomates Belles d’autrefois. En tout, cela représente 21 variétés.

Une quarantaine de personnes travaillent ici : 9 permanents et d’autres salariés recrutés via un groupement d’employeurs. Mes tomates sont livrées à la coopérative Solarenn.

Les tomates sont plantées mi-décembre de façon échelonnée. Il y a d’abord une phase de pré-plantation : on met le plant en condition de stress pour qu’il fleurisse et s’oriente rapidement vers la production des fruits. À partir de là, on le plante. Les premières à être récoltées sont les tomates cerise vers fin février. Les tomates anciennes arrivent juste après, puis les tomates grappe vers mi-mars.

La fin de saison approche fin octobre. Nous avons un mois pour tout nettoyer. Nous faisons un vide sanitaire pour repartir pour la prochaine saison dans les meilleures conditions.

Je suis inscrit dans la Gamme Responsable de Solarenn, qui garantit une culture sans pesticides, avec un cahier des charges sans traitements pesticides de synthèse de la fleur à l’assiette. Il peut y avoir des traitements avant que les plants n’arrivent chez moi et en phase de préplantation. Une fois la plante en fleur, c’est terminé.

Pour autant, on a droit à quelques produits de biocontrôle. C’est une démarche contraignante car les produits sont moins efficaces et demandent des applications répétées. C’est pour cela que l’on fait de gros efforts sur les vides sanitaires pour partir sur de bonnes bases. Nous avons recours à la Protection Biologique Intégrée : nous faisons du piégeage en début de saison et mettons en place de la confusion sexuelle pour se débarrasser d’une mite appelée Tuta Absoluta. Des petits bâtons imprégnés de phéromones font croire au mâle qu’il a trouvé une femelle mais évidemment il ne la trouve pas.

Nous utilisons la PBI depuis 30 ans. Parmi les auxiliaires que nous utilisons, nous mettons en place des macrolophus, une petite punaise qui mange les autres insectes ravageurs de la tomate. Nous en lâchons de manière à couvrir l’ensemble des serres. Dans ces zones, on n’effeuille pas pendant 8 semaines pour qu’ils puissent pondre et essaimer.Nous avons également des encarsias contre une mouche blanche, l’aleurode, en complément du macrolophus.

Je dois passer par des travailleurs détachés pour des travaux spécifiques : taille, palissage, descente des cultures… Il faut deux ans pour avoir un bon enrouleur : une année pour apprendre les bons gestes, repérer les maladies et acquérir la vitesse de travail ; la deuxième année pour se révéler. Cela fait 5-6 ans que je recherche une personne en CDI pour ce poste mais rien… En attendant, je forme des gens pour cela mais ils n’ont pas la volonté de rester. Toutes nos cultures ont de forts besoins de main d’œuvre, ne l’oublions pas…

L’agriculture d’aujourd’hui a un avenir. La population augmente mais nos surfaces diminuent. Ici, je suis limité par le lycée agricole proche et par des terres agricoles. Je n’ai pas envie de recréer un autre site, trop compliqué pour une seule personne. Je dois trouver des manières de rentabiliser mon outil. Comme les serres sont amorties, je produis des variétés moins productives mais plus rémunératrices. Jusque-là, ça a bien marché mais je devrais peut-être faire des choix.

21 variétés, d’autres producteurs qui investissent les segments de niche, les clients de plus en plus exigeants sur les emballages, les formats… il faut assurer derrière ! Je ne me sens pas industriel de la tomate. Ma serre est un abri, qui dépend elle aussi du climat. Nos tomates sont récoltées plus vite, c’est vrai, mais c’est dû à l’abri de la serre et cela permet de mieux rémunérer notre travail.

Si on doit attendre le prix de juillet pour vivre de nos productions, on ne le pourrait pas. Sans oublier que le consommateur veut avoir tout, tout le temps. Ces exigences concernant nos productions sont normales, c’est notre alimentation quand même. Si seulement il avait cette préoccupation pour son smartphone !

Merci de m’avoir suivi cette semaine, lundi prochain La ferme de Nicolas vous accompagnera !