Nicolas Bronsard

Nicolas Bronsard
Nicolas Bronsard
Éleveur de Dindes
Plumelin

Bonjour, merci à Julien qui avait clôt l’année 2020 d’Agribretagne. Je m’appelle Nicolas Bronsard, j’ai 38 ans, je suis marié, ma femme est infirmière libérale et nous avons une fille de 10 ans. Je suis ravi de lancer cette nouvelle année avec vous !

J’ai fait des études agricoles et obtenu un bac pro CGEA. Après, je suis parti travailler 6 ans à Paris pour suivre ma femme dans ses études. J’ai été palefrenier pendant 1 an puis brancardier aux urgences de Créteil pendant 5 ans.

Nous sommes finalement revenus en Bretagne. J’ai trouvé du travail en tant que porcher à Plumelin. Ensuite, une opportunité de racheter le site d’une connaissance s’est présentée. Cela fait donc 8 ans que je suis installé dans cet élevage à Plumelin (56).

Je possède 3 bâtiments, un poulailler de 1200 m² de 1980, un autre de 600 m² de 1980 et 1 dernier de 1200 m² qui a deux ans. Pour mon confort personnel, j’ai deux mobil-homes sur site pour pouvoir dormir sur place en cas de besoin.

Je n’élève que des dindes, même si j’ai fait un peu de poulet au début. Je peux être polyvalent mais je préfère quand les cycles d’élevage sont plus longs. Je ne suis pas équipé en matériel donc moins j’ai de mises en place à faire, mieux ça me va.

Un mot sur mon organisation personnelle, cela vous permettra de comprendre certains choix d’élevage. J’habite à Crédin, à 25 km de l’élevage. Ma vie de famille est très importante et l’élevage de volailles me permet une certaine latitude. Je m’occupe de ma fille le matin et le soir quand ma femme travaille. Comme elle débute son travail à 5h, le week-end je viens vers 3h pour qu’il y ait quelqu’un à la maison pour ma fille et ses week-ends de repos, je préfère venir à 6h du matin pour rentrer à la maison à 8h avec les croissants et profiter de ma famille.  J’ai su organiser mon temps de travail le week end pour passer un maximum de temp avec ma famille.

Les poussins arrivent dans mon élevage le jour de leurs naissances. Pour préparer leur arrivée, j’ai préparé de la sciure par terre (ou des copeaux). Je facilite leur accès à la nourriture en disposant des mangeoires et des papiers spéciaux avec de l’alimentation dessus. J’ai également réglé la température à 34°. L’objectif est qu’une heure après leur arrivée, ils aient chaud et que leurs jabots soient bien remplis. Pendant ces premiers jours puis tout au long de l’élevage, je surveille très attentivement leur état de santé et je m’assure que tout va bien.

À 28 jours, je leur administre un auto-vaccin par injection pour la ténosite (une bactérie qui s’attaque aux articulations) et la colibacillose (une petite maladie digestive). Cet auto-vaccin a la particularité d’être développé à partir des souches de mon bâtiment. Il ne serait pas efficace avec les poussins d’autres élevages, voir même avec les poussins de mes autres poulaillers !

Les femelles et les mâles sont séparés dans le poulailler. Vers 12-14 semaines, les dindes et les petits dindons partiront à l’abattoir. Cela va libérer de la place pour les dindons et pour moi, c’est plus facile pour m’occuper de leurs litières, de soigner les bobos et d’entretenir mes bâtiments.

Les dindons partent entre 18 et 20 semaines en fonction des périodes (selon les besoins de l’abattoir ou de l’état du marché…). Ensuite, j’ai environ 3-4 semaines de vide sanitaire en moyenne (la période où l’on vide l’élevage pour le nettoyer de fond en comble) avant de préparer à nouveau l’arrivée du lot suivant.

Le démarrage, l’arrivée des poussins sur l’élevage, c’est un moment crucial à surveiller très attentivement.

C’est important pour la suite, notamment pour limiter l’usage d’antibiotiques. On n’y a recours que quand c’est nécessaire, les éleveurs font beaucoup d’effort pour démédicamenter. D’une part parce qu’on veut qu’ils restent efficaces en ne les utilisant qu’en dernier recours mais d’autre part, c’est aussi pour notre porte-monnaie.

J’ai un principe : la dinde que j’élève, ce peut être ma famille qui va la manger, alors je veux qu’elle soit belle et en bonne santé.

Je change les litières tous les 2 jours : lundi, mercredi et vendredi. Il faut des litières propres et sèches pour les volailles et du confort pour leurs pattes. C’est comme nous, on préfère des draps propres et secs. Je rajoute donc de la sciure jusqu’à 8-9 semaines, ensuite de la paille broyée.

Je fais toute la litière à la main. J’ai le projet de mécaniser cette partie.

Mes 3 bâtiments sont en ventilation statique : cela veut dire que l’air passe par le côté du bâtiment pour être aspiré par une trappe du plafond. D’autres éleveurs ont des ventilations « dynamiques » mais si j’étais dans cette configuration, en cas de panne, je mettrais trop de temps pour arriver et réparer.

Durant l’été, des turbines font rentrer et circuler de l’air pour éviter les coups de chaud.

La volaille, c’est beaucoup de préoccupations par rapport au sanitaire et aux maladies. On le voit en ce moment avec la grippe aviaire. Je préfère m’organiser et en discuter avec les autres éleveurs. Je suis rentré dans le réseau Fermes 4 soleils justement pour mieux échanger sur mon travailler.

Dans le cahier des charges du réseau, il y a le fait que les bâtiments sont visitables dans un contexte strictement professionnel. Aucun problème en ce qui me concerne, j’essaie d’entretenir le site et de le rendre agréable pour moi comme pour les personnes qui y passent. Je fleuris les abords, les sas et les bâtiments sont propres.

En échangeant avec les autres éleveurs, on se partage des techniques. J’ai retenu l’idée d’élastiques sur les pipettes pour que les poussins ne marchent pas dans l’eau. Je suspends des bouteilles vides pour qu’ils jouent avec et ne se battent pas entre eux. Pour le paillage, j’ai acheté un tracteur tondeuse sans coupe avec une remorque et c’est très pratique à manœuvrer. Surtout, ça m’évite d’acheter un tracteur spécifique. Chaque éleveur a ses techniques ?

Je fais partie également d’un groupe de travail sur la biosécurité avec l’ITAVI. Dans mon élevage, ça se matérialise avec la désinfection de mon matériel et des roues de mon tracteur avant d’entrer dans le bâtiment. Pour les visiteurs, passage obligé au pédiluve avant de rentrer.

Pour finir…

Notre métier d’agriculteur est assez stressant : contraintes économiques, contrôles répétés, trouver de la main d’œuvre quand j’en ai besoin… Me faciliter la vie quand c’est possible avec les astuces d’autres éleveurs, pouvoir m’organiser pour être avec mes proches, c’est important pour que moi aussi je me porte bien.

J’aime mes dindes, je leur parle, je prends soin d’eux, ça vous fera peut-être sourire mais ce sont elles qui me rémunèrent. Mieux j’en prends soin, plus j’améliore mon bien-être.