Philippe Quillon

Philippe Quillon
Producteur de légumes
Trégarantec (29)

Lundi

Merci Albane !Bonjour, je m’appelle Philippe Quillon, j’ai 54 ans, je suis agriculteur à Trégarantec dans le Finistère. Je suis associé avec mon cousin Alain Lichou et nous formons le GAEC de Kerdec. Nous produisons du lait, des échalotes (5 ha) et de l’endive (9 ha) biologiques mais aussi de la Carmine (2,5 ha).

Nous disposons de 65 ha en tout sur lesquels nous cultivons également 15 ha de maïs ensilage bio pour les vaches laitières. Le reste de la surface est destiné au pâturage. Né à Morlaix, j’ai toutefois vécu jusqu’à mes 14 ans à Paris avant de revenir chez mon oncle et ma tante pour suivre un BEP Légumes à la MFR de Tréflaouénan puis un BTA à l’Ireo de Lesneven. Par la suite, je suis parti 1 an au Canada avant de m’installer en 1992 en GAEC avec mon oncle, ma tante et mon cousin.

Je suis ravi de partager mon quotidien avec vous cette semaine !

Mardi

Initialement, la ferme était dédiée à la production laitière mais j’ai toujours été attiré par la culture des chicons, autrement dit l’endive. Nous avons donc lancé la production en commençant par la location d’endiveries avant de pouvoir obtenir le financement de la nôtre à Trégarantec. Une endiverie est un bâtiment composé d’une chambre noire pour la phase de croissance de l’endive et de frigos pour le stockage de la racine à -1°C pendant l’hiver.

Les semis se déroulent à partir du mois de mai jusqu’à mi-juin à raison d’une graine tous les 10 cm sur le rang et avec un espacement de 33 cm entre les rangées. Les boudins que nous pouvons voir dans le champ (post d’hier) servent de repères pour le voile thermique que nous mettrons et qui protégera la culture des pucerons. Dès que cela est nécessaire et dans la mesure où nous sommes en production biologique, nous passons le thermo-brûleur sur les mauvaises herbes entre les rangs. 7 jours après, on passe la bineuse mécanique. Il nous reste enfin à enlever manuellement les mauvaises herbes sur les rangs. Les racines des endives sont arrachées pour être stockées en frigo de fin septembre à fin décembre. Dès que la croissance des feuilles est optimale, elles sont alors commercialisées sous la marque Prince de Bretagne de janvier à fin avril, début mai.

Depuis les années 2000, nous cultivons également la Carmine. C’est un croisement entre des variétés d’endives et des salades rouges (Vérone et Georgia). Nous sommes les seuls à en produire en Bretagne avec une autre ferme à Kerlouan (29).

Aujourd’hui, nous avons un salarié permanent, Bertrand, et 7 personnes pendant 7-8 mois pour les endives. 

Mercredi

Aujourd’hui, je vais vous parler de nos échalotes.

L’échalote se plante en début d’année, autant que possible hors période scolaire pour faire travailler les jeunes du secteur. Elle est plantée à la main sur une bâche plastique. Un binage mécanique est réalisé entre les bâches et on procède à un voire 2 passages manuels pour enlever les mauvaises herbes autour des bulbes. Les arrachages démarrent la 1ère quinzaine de juillet. Une fois arrachées, les échalotes sont ramassées à l’aide d’une machine et sont stockées à 15 km de la ferme au sein d’une CUMA de stockage collectif.

L’été, nous nous retrouvons à plus de 40 salariés certains jours pour le cerclage et l’arrachage des échalotes.

Cette année, les corbeaux ont fait beaucoup de dégâts. A certains endroits, nous avons été obligés de replanter 4 fois malgré la présence d’un effaroucheur, d’un épouvantail et d’un arbre à CD ! Ils grattent sous les bulbes pour trouver les vers de terre…

Et je ne parle pas de l’eau qui manque…

Jeudi

Pour la production laitière, c’est Alain, mon cousin et associé, l’expert !

Nous avons un troupeau de 55 vaches laitières de la race Prim Holstein. Nous sommes en production biologique depuis 3 ans et nous livrons notre lait à la coopérative Even. L’hiver, les vaches mangent du maïs, de l’ensilage d’herbe et des racines d’endives. Dès que possible au printemps et jusqu’à l’automne, elles consomment 100 % d’herbe. On complète la ration avec des racines d’endives et du maïs ensilage si l’herbe vient à manquer.

Vendredi

Nous sommes très attachés à faire travailler les jeunes du secteur, à accueillir régulièrement des stagiaires ou encore les BTS de l’IREO de Lesneven pour expliquer nos activités. C’est souvent Alain qui explique notre métier dans toutes ses dimensions : techniques, économiques, humaines. Notre objectif, c’est l’ouverture que ce soit au niveau de la ferme, au travers de nos différents mandats.

Nous sommes tous les deux engagés dans différentes instances. Pour ma part, je suis administrateur à la SICA de Saint-Pol-de-Léon, au CERAFEL, à l’IREO, à Coop de France Ouest ou encore chez Agriculteurs de Bretagne. Alain, est administrateur chez Cerfrance 29 et au Crédit Agricole à la caisse locale de Lesneven. C’est important de partager le point de vue des agriculteurs, leurs problématiques.

J’espère que vous avez appris des choses avec nous cette semaine. Et la prochaine fois que vous mangerez de la Carmine bretonne, pensez à nous 🙂 A bientôt !