Pierrick Le Labourier

Pierrick Le Labourier
Eleveur de dindes
Plumeleuc (56)

Lundi

Bonjour, je m’appelle Pierrick Le Labourier, installé depuis 1987 à Plumelec dans l’élevage familial, je suis papa de deux enfants et marié.
Je me suis installé par choix dans le secteur de la volaille, c’est un cycle bien rodé. J’aime aussi le secteur laitier, mais c’est mon frère qui a hérité de l’élevage des bovins, sinon j’aurais fait les deux. Je suis fils d’agriculteurs, qui eux étaient installés en polyculture-élevage (lait, porc et volaille).

J’ai eu mon bac professionnel agricole D’ (maths et sciences agronomiques) du premier coup en 1978, mais les professeurs avaient l’habitude de dire « il ne se foule pas celui-là ». Puis, j’ai mis le pied à l’étrier à une époque où il y avait beaucoup de travail.

Après 8 années d’aide familial et de nombreux remplacements dans des exploitations agricoles (laitières majoritairement), et un engagement dans des groupes de développements, je me suis installé en 1987 avec le bâtiment de 400 m² de mes parents et celui de 1200 m².

En 1994, la famille et la surface d’exploitation ont doublé. Puis, peu après nous avons créé deux chambres d’hôtes qui fermeront ses portes cette année. Elles peuvent accueillir des marcheurs et des cavaliers dans un espace adapté (dortoirs, WC, cuisine, box…), c’est une activité complémentaire.

Bonne semaine !

Mardi

L’important pour moi, c’est de réussir à trouver un équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle. Je m’explique : j’exploite les deux bâtiments en même temps. Lorsqu’ils sont vidés, c’est à ce moment que j’ai le plus de travail (le nettoyage, l’entretien…). Mais quand ils sont pleins cela demande seulement de la surveillance. Maintenant, avec les nouvelles technologies, tout est plus facile. C’est donc simple de poser ses vacances. Le fonctionnement est basé sur l’optimisation du travail. Cela me permet d’avoir plus de temps pour mes activités personnelles et ma famille. Mais je dois tout de même m’occuper de 15 000 volailles réparties dans deux poulaillers, les femelles d’un côté et les mâles de l’autre.

Mercredi

Cela m’a pris 40 ans à moderniser l’élevage. En 1978, l’aliment était livré en sacs et les cycles étaient plus courts. Tout était manuel à l’époque (les trappes, la température dans les poulaillers…).

Puis, tout s’est enchaîné. La mise en place d’un ordinateur pour la ventilation, modernisation du bâtiment, ventilateurs pivotants avec brume… Ces changements nous ont enlevé de la pénibilité dans le travail, et nous ont permis des choses comme la maîtrise des températures et de la ventilation (automatisation des volets). Tous ces outils sont connectés à une station météo. Mais ce n’est pas tout ! Les anciens bâtiments étaient construits sur de la terre battue, et maintenant ils sont construits sur un sol bétonné. Toutes ces évolutions ont modifié le temps de travail et l’ergonomie. En France, nous sommes quand même les champions de la volaille !

Les premières alarmes ont été installées en 1995 contre les coupures d’électricité, les fortes températures et les coupures d’eau. Certains éleveurs ont même des caméras.

Il y a quand même des inconvénients à toute cette technologie, les pannes, la maintenance… Parfois, vous n’êtes même plus éleveur, mais informaticien ou électricien. Et puis on ne va pas se le cacher, tous ces investissements ont aussi un coût.
Malgré tout, je suis pour le progrès tant qu’on n’en devient pas esclave ! On ne peut plus mettre un bâtiment moderne entre les mains de tout le monde.

Jeudi

L’heure de la retraite a sonné. Le 31 décembre 2022, j’arrête mon activité pour me consacrer à mes passions. Ma maison va être rachetée par ma fille et mon gendre, mais pas les poulaillers. Je n’ai pas envie de lui imposer les volailles.

En retraite, je vais profiter de la vie à mon rythme (on est seulement de passage et on se plaint de beaucoup de choses, profitez de la vie !). Je vais regarder le sport à la télé, m’occuper de mon bois et cueillir des champignons… Mais pas que !
Je m’attaquerai à la rénovation des poulaillers (c’est très à la mode en ce moment) pour y mettre des camping-cars, des caravanes et du matériel d’équitation pour les randonneurs. Mais l’activité qui me prendra sûrement le plus de temps c’est l’archéologie, je suis un grand passionné.

A la ferme, quand j’étais petit, mon père a commencé une collection de haches préhistoriques que j’ai enrichie au fil des années. Près de chez moi on y découvre aussi un village du douzième siècle avec quatre fours à pain. C’est riche d’Histoire par chez nous !
Ma dernière trouvaille, c’est un four à pain, une dépendance et quelques poteries. Le patrimoine local (voie romaine, chapelle, dolmen, la nature, les randonnées…), c’est une réelle richesse que certains n’ont pas conscience.

Mon rêve ? Une machine à remonter le temps !

Vendredi

Ce dimanche, j’ouvrirai mes portes pour Tous à la ferme ! Pourquoi ?
Sophie BEAUSIRE, animatrice de Rés’Agri Pays de Pontivy m’a proposé d’y participer au printemps 2021, et j’ai évidemment dit oui. La retraite arrivant à grands pas, ça sera sûrement la dernière.
Je suis également très sollicité par les clients de passage dans nos gîtes pour visiter l’élevage, 7 à 8 clients sur dix demandent à visiter.

« Tous à la ferme ! », c’est pour moi l’opportunité d’échanger avec les consommateurs tout en répondant à leurs questions, et de remplir mon rôle d’acteur et de décideur de l’animation du territoire. Mais également de présenter la filière dinde, d’organiser des dégustations et faire découvrir aux locaux ce qu’il y a chez eux.

Si vous souhaitez vous inscrire aux portes ouvertes de dimanche, n’hésitez pas à aller sur le site : https://www.tousalaferme.bzh. Vous y trouverez mon élevage et celui de dix-huit autres agriculteurs et agricultrices en Bretagne.

J’espère vous voir dimanche ! Merci de m’avoir suivi, la semaine prochaine vous retrouverez Gurvan Cédelle !