Pierrick L’Eost

Pierrick L’Eost
Producteur de fraises
Loperhet (29)

Lundi

Bonjour à tous et merci Julien pour le témoignage de la semaine passée. Je me présente Pierrick L’Eost, je suis producteur de fraises à Loperhet dans le Finistère.

J’ai un parcours un peu atypique, après avoir obtenu plusieurs diplômes en communication audiovisuelle et en sociologie, j’ai été correspondant presse pendant quelques années avant d’obtenir un BTS en horticulture. J’ai ensuite décidé de revenir travailler avec mon père, producteur de tomates et de fraises, l’amour du métier m’a vite rattrapé !

En 2019, je me suis lancé et j’ai créé ma propre structure avec le rachat d’une serre de 2 600 m² et la construction d’une serre de 10 000m². Une opportunité de racheter la serre voisine s’est alors présentée et j’ai franchi le pas afin d’agrandir ma surface d’exploitation de 13 000m².

Actuellement, nous produisons deux variétés de fraises : 80% de Garriguette et 20% de Mariguette pour une production d’environ 150 tonnes par an, entièrement commercialisée sous la marque Savéol.

La coopérative Savéol produit environ 3000 tonnes de fraises chaque année (2700 tonnes de Gariguette et 300 tonnes de Mariguette). La Gariguette fait partie des produits phare de la coopérative Savéol.

Je vous souhaite de passer une très bonne semaine en ma compagnie pour en apprendre un peu plus sur ce délicieux fruit de saison !

Mardi

La plantation démarre mi-novembre pour commencer à produire mi-mars. Le plant a été préalablement élevé en pépinière pendant 4 mois. Avant d’arriver chez nous, il a passé environ 800 heures dans le froid (entre 0 et 7°) ce qui lui permettra de bien se développer par la suite.

Nous devons ensuite maintenir une température adaptée dans nos serres jusqu’à mi-mars afin d’enlever l’humidité des fraisiers (sans quoi ils deviendraient périssables). En fonction de la météo, nous pouvons être amenés à chauffer au gaz. Ce procédé nous permet de récupérer le CO2 produit par les fumées avant de le réinjecter dans la serre. Cette étape permet à nos plants de se développer dans de bonnes conditions.

La fraise, et surtout la Gariguette, est un produit très fragile. Moins on la manipule, mieux c’est ! Je livre la coopérative 2 à 3 fois par jour pour que les fraises partent le plus rapidement possible chez nos clients, cela permet de garantir un produit d’une très grande fraîcheur !

La Gariguette est produite de mi-mars à juillet, vient ensuite la Mariguette qui est produite du mois de mai jusqu’à mi-juin puis de mi-juillet à mi-octobre prenant ainsi le relais de la Gariguette.

Concernant la récolte et le conditionnement, chaque tâche s’effectue à la main. Nous travaillons avec une trentaine de saisonniers, chez Savéol 95% de la main d’œuvre est locale. Il y a deux travaux principaux à réaliser sur les fraisiers 70% du temps, c’est la récole, les 30% restant correspondent au peignage et nettoyage, je vous montrerai à quoi cela consiste demain.

La Mariguette est une variété qui ressemble beaucoup à la Gariguette, mais c’est une plante remontante, c’est-à-dire qu’elle va produire en plusieurs jets.

Mercredi

Jeudi

Les plants de fraises sont plantés dans un mélange de tourbe et d’écorce qui facilite le drainage. Un système de goutte-à-goutte piloté par un logiciel assure une gestion maîtrisée de l’eau. Un arrosage fixe est réalisé le matin, entre une ou deux heures après le lever du soleil, et ensuite le déclenchement se fait suivant la lumière.

La serre est un formidable outil, notamment avec l’automatisation de l’ouverture des volets de toit en fonction de la température et de l’hygrométrie, qui permet de maintenir les cultures dans un environnement ultra favorable. Cela nous permet également de lutter efficacement contre les maladies fongiques, limiter très fortement les entrées d’insectes ravageurs depuis l’extérieur et d’installer plus aisément la lutte biologique.

La serre permet par ailleurs de limiter les traitements et de mieux contrôler la gestion de l’eau. Par exemple, nous récupérons les eaux non consommées par la plante, nommées eaux de drainage. Elles sont collectées, stockées et recyclées.

Nos plants, à l’abri, sont pollinisés par nos amis les bourdons venant de Savéol Nature. C’est une démarche unique en Europe qu’une coopérative ait son propre système d’élevage d’insectes. Je travaille beaucoup sur l’installation des insectes auxiliaires avec lesquels j’ai de très bons résultats, cette aide précieuse nous permet d’utiliser le moins de pesticide possible.

Pour protéger des pucerons, j’utilise des Chrysopes, ensuite, je mets de l’Orius et des acariens prédateurs qui luttent contre le Trips. Un suivi de la protection biologique intégrée (PBI) est mis en place, un salarié recense les insectes et les éventuelles maladies de plantes. C’est essentiel pour avoir une lutte biologique efficace !

Vendredi

Côté mandats, je suis administrateur dans plusieurs structures.

Chez Savéol, tout d’abord, depuis un an, en tant que référent au marketing et à la logistique pour le conditionnement des fraises.

Également chez Carbogreen, société créée par les producteurs de Savéol pour mutualiser nos achats de gaz et d’électricité.

Je suis aussi administrateur chez Invenio, un centre de recherche variétal. Ils font notamment de la fraise, de l’asperge, de la carotte…

Enfin, je suis représentant Savéol à Produit en Bretagne.

Ce fût un réel plaisir de vous présenter mes cultures de fraises et mon travail… un métier de passionné pour les gourmands ! Je cède ma place à Sylvain Gallard qui est éleveur de volailles Poullaouen (29). À bientôt !