Richard Fontaine

Richard Fontaine
Richard Fontaine
Producteur de légumes bio
Saint-Méloir-des-Ondes

Bonjour, merci à Valérie d’avoir présenté son élevage la semaine dernière. Je m’appelle Richard Fontaine, je suis producteur de légumes bio à Saint-Méloir-des-Ondes (Ille-et-Vilaine).

J’ai une formation horticulture paysage. J’ai toujours été attiré par le métier de par mes grands-parents qui étaient eux-mêmes producteurs de légumes. Je suis resté proche du milieu avec les autres membres de la famille et les amis qui sont dans le métier. À la fin de ma formation, mon ami Romain préparait son installation et est parti 8 mois au Canada. Il m’a demandé de le remplacer et d’aider ses parents. Je ne suis jamais reparti : assez vite, ils m’ont proposé de rester avec eux et de nous associer avec sa mère, son père partant en retraite. C’était en 2008.

Depuis le départ en retraite de la mère de Romain en 2015, nous sommes désormais 2 associés sur la ferme. Nous avons 2 salariés permanents, 1 saisonnier et le père de Romain qui nous aide en contrat temporaire.

Nous cultivons principalement des choux et poireaux. Nous faisons également des pommes de terre, du céleri, de l’oignon, de la betterave rouge, de la racine d’endive (c’est la première année), des céréales, des petits pois pour D’Aucy. À l’exception des petits pois, les légumes sont livrés à la coopérative Terres de Saint Malo et vous les trouverez sous la marque Prince de Bretagne. Je fais aussi un peu de vente directe au Verger des Coudreaux.

On produit tous nos plants à la ferme. Choux, céleris, poireaux pour être le plus autonome possible.

On cultive 24ha de choux-fleurs de septembre à avril. On étale la plantation de fin juin à mi-août. Nous avons une quinzaine de variétés. Tout au long de l’été, on bine les choux, pour garder des champs les plus propres possible. La récolte commence au mois de septembre.

On fait une équipe de 4-5 personnes pour la récolte. En parallèle, Romain de son côté peut s’occuper de l’arrachage de poireaux seul. Je vous en parle demain.

On coupe le matin vers 8h. En général, on fait des journées de 8h-12h / 13h30 – 18h. En été, on peut déborder avec les pommes de terre à arracher ou la plantation des choux.

Deux types de conditionnement : un pour le marché du frais (cageots, caisses plastique, en général 8 choux par plateau. 6 plus rarement). Un autre pour la surgélation en bacs.

On plante les poireaux entre fin mai et juillet. Ça demande beaucoup d’heures de main-d’œuvre : on embauche en général 5-6 saisonniers. On bine nos 6 ha une fois par semaine et on sarcle jusqu’au butage fin septembre, début octobre.

Richard Fontaine

Nous avons investi dans une machine automatique qui permet d’arracher les poireaux avec un seul conducteur. Les poireaux se mettent seuls dans les pallox. Avant, il fallait être trois. C’est une avancée car la récolte est assez physique.

À la ferme, nous avons un atelier où nous préparons les poireaux avant leur livraison à la coopérative. Nous les lavons et retirons les feuilles souillées. On conditionne ensuite en fonction des demandes des acheteurs.

Richard Fontaine

(Photo poireaux)

Quand on s’est installé, on s’est rapproché d’emblée vers une agriculture raisonnée. On a observé les collèges, mis en place des couverts végétaux et on s’est intéressé à la vie du sol. On a fait quelques mauvaises années et on s’est dit qu’il fallait qu’on change de fusil d’épaule. On s’est senti à bout du système conventionnel. Il nous fallait des perspectives et on a décidé de passer en bio. Ce sont des heures de boulot avec le binage et le sarclage, mais on ne regrette pas du tout, juste de pas l’avoir fait avant.

Je note que notre métier est devenu plus intéressant. On passe plus de temps à observer la vie de notre sol et de nos végétaux. Notre sol doit être en bonne santé. Si la plante y trouve ce dont elle a besoin, elle est moins susceptible d’être malade.

Pour autant, des moyens de lutte existent aussi en bio, il ne faut pas l’oublier. Pour nos choux, jusque mi-octobre, on a été obligé de mettre un produit contre les chenilles. Pour les poireaux, c’est au visuel. Un technicien pose des pièges à insectes qui déterminent la nuisibilité. Si c’est trop important, on intervient. On n’a pas eu besoin de le faire cette année par exemple.

Le vendredi, l’après-midi traîne un peu plus pour préparer la vente à la ferme du Verger des Coudreaux. C’est l’activité qui permet de lisser l’emploi du temps de nos salariés. Quand il y a un trou dans la journée, les salariés préparent les légumes pour la vente de la semaine.

On fait de tout, mais en petites quantités : pommes de terre, oignons, échalotes, ail, patates douces, navets, betterave rouge, choux blancs, verts, rouges, salades, poivrons, aubergines, épinards…

Je reconnais que ça n’a jamais aussi bien marché que depuis le confinement. Nous sommes passés en bio en même temps que la ferme qui héberge la vente. La clientèle a changé, elle pose beaucoup plus de questions sur nos méthodes et apprécie que j’explique mes pratiques.

À l’inverse dans les champs, on sent que notre image a changé. Les gens viennent nous voir et nous interpellent sur ce qu’on fait, parfois avec des gestes pas sympas même pour nous qui sommes en bio. Une minorité garde ses préjugés et nous le fait savoir. La médiatisation malsaine ne nous aide pas.

Ça fait 14 ans que je suis à la ferme. Je ne me rappelle pas de ça au début. On a des efforts à faire, ok, mais je regrette qu’on ne mette pas assez en avant ce qu’on fait bien maintenant, surtout avec notre jeune génération.

Richard Fontaine

Je vous remercie de m’avoir suivi. La semaine prochaine, Stéphanie Calloc’h vous parlera de son élevage de cochons !