Tiphaine Chatal

Tiphaine Chatal
éleveuse de vaches laitières
Nivillac (56)

Lundi

Bonjour, Je m’appelle Tiphaine CHATAL. Je suis installée dans la commune de Nivillac depuis 2014 avec mon conjoint Mathieu. C’est une ferme laitière qui était à mes parents et avant eux, à mes grands-parents. J’ai débuté dans le milieu équin, jusqu’au jour où le voisin de mes parents a proposé de nous vendre une partie de sa ferme, suite à son départ à la retraite. Cela a permis de doubler l’accès au pâturage des vaches laitières, et permettre mon installation. Je ne me serais jamais installée sans avoir la possibilité de développer un système pâturant. Depuis mon installation, mon père s’est reconverti et ma mère est désormais à la retraite. Ils sont néanmoins toujours là quand nous avons besoin d’aide. Pour pallier à leur départ, nous employons depuis 2 ans, 2 salariés à mi-temps, qui nous prêtent main forte, et peuvent également nous remplacer, le week-end, ou pendant nos vacances ! @seremor-solutis

Bonne semaine en ma compagnie !

Mardi

L’élevage fait 160 hectares (herbes, maïs et céréales), avec 80 vaches laitières et quelques vaches à viande (croisées Angus) pour la vente directe, qui sont élevées à l’herbe. Si cette nouvelle activité tend à se développer, cela nous permettra de diminuer un peu le nombre de vaches laitières, et donc de réduire une partie de l’astreinte quotidienne. Le choix de notre croisement est dû à sa faciliter d’élevage et sa rusticité, tout en offrant une viande de grande qualité, à un prix abordable. Nous sommes en traite manuelle avec un système pâturant. C’est-à-dire que nos vaches changent de paddocks tous deux à trois jours, de mars à octobre/novembre (selon les années).

L’hiver, les vaches sont en bâtiment avec un accès à l’extérieur. Les chemins s’abîment avec l’humidité, et elles n’aiment plus trop aller dehors. Le fumier est vidé une fois par semaine, c’est le seul jour où elles sont obligées de sortir. Les vêlages sont repartis sur toute l’année sauf l’hiver pour qu’il y ait moins de vaches dans le bâtiment étant donné que nous sommes saturés (le bâtiment peut abriter un maximum de 80 vaches). On aurait pu agrandir le bâtiment, mais la charge de travail et les investissements n’auraient pas été les mêmes.

L’agriculture, c’est un engagement auprès de la nature, de nos bêtes, et de l’environnement, mais aussi, souvent un engagement humain, auprès de nos pairs. Et comme « seul, on va plus vite, mais qu’ensemble, on va plus loin » je me suis engagée dans une association d’agriculteurs qui propose de l’échange entre professionnels, de manière totalement objective, sans connotations politiques ou syndicales, et surtout, sans clivage entre les types d’agriculture.

Pourquoi ? Parce qu’à mon installation, j’y ai trouvé de nombreuses ressources ! Des formations, des échanges de pratiques, qui permettent d’évoluer bien plus rapidement qu’en restant seul dans sa ferme. Mais surtout, j’y ai trouvé du soutien et de la bienveillance dans les moments de doutes, par exemple aux passages de crises laitières, ou autres pépins liés à notre travail… ! Ceci permettant de repartir sur le bon pied ! Alors, pour j’espère, rendre à mon tour, service à d’autres agriculteurs, je me suis investie au sein du bureau de mon antenne locale, à Questembert : @Rés’agri Sud Est Morbihan, dont je suis aujourd’hui présidente, puis depuis peu, également Vice-présidente du réseau départemental Rés’Agri Morbihan, qui chapote les 6 antennes locales du département : Rés’Agri Pays de Pontivy, Rés’Agri Pays du Roi Morvan, Rés’Agri De Rhuys à Lanvaux, Rés’Agri Oust à Brocéliande et  Rés’Agri de la Terre aux Iles. Retrouvez toutes leurs actualités (groupes d’agriculteurs, porte ouvertes, formations…), selon votre secteur, sur leur page Facebook !

Mercredi

Agriculture raisonnée ? J’ai tendance à dire agriculture « intelligente ». Nous avons 100% confiance dans notre mode de production, que nous consommons nous même, tous les jours. Nous n’avons pas souhaité passer en agriculture biologique pour ne pas prendre le risque de ne pas avoir assez de fourrage pour tout notre troupeau (nous sommes sur une zone séchante à l’été). Nous avons beaucoup de surface et c’est ce qui permet d’assurer les rendements en nourriture. La ferme abrite plusieurs races de vaches :

– La Prim’Holstein pour sa facilité à produire du lait en quantité, pendant longtemps

– La Brune des Alpes pour sa rusticité, sa matière grasse plus présente dans le lait et sa bonne valorisation du pâturage (race qu’on est en train de développer au sein du troupeau, grâce au croisement)

– Mais aussi de la Montbéliarde, quelques Normandes et Jersiaises… pour la couleur !

Pas de robot à la ferme, rien d’automatique aujourd’hui, sauf le détecteur de chaleurs, acheté cette année. Nous avons changé notre vieux tacot qui avait près de 30 ans avec un petit pincement au cœur, car c’était celui de mon grand-père. Nous disposons de tout le matériel nécessaire à l’élevage et l’alimentation de nos bêtes (télescopique pour la manutention, mélangeuse pour l’alimentation, pailleuse… etc). Pour le travail aux champs, nous louons un tracteur. Un contrat de trois ans qui nous permet d’avoir un outil de travail toujours opérationnel, confortable et dernier cri. Pour le matériel de travail du sol, nous sommes adhérents de la CUMA de notre commune. C’est une mutualisation du matériel entre plusieurs agriculteurs, afin de réduire les charges de mécanisation, et là encore, d’avoir à disposition du matériel récent et performant. @fdcumaMorbihan

Jeudi

En 2020, j’ai gagné le concours « Graines d’Agriculteurs » sur le thème de la communication grand public, grâce à notre activité d’accueil à la ferme. La remise des prix a été faite à Paris en présence du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, monsieur Denormandie. Un appel à la participation est tombé par hasard devant mes yeux sur Facebook, j’ai trouvé que ça me correspondait bien, j’y ai donc participé en me disant «je remplis le formulaire, on verra bien… ». Quelques jours après, le téléphone sonne et me voilà parti pour une aventure inoubliable.

Suite à la vidéo du concours, qui a fait des milliers de vues sur les réseaux sociaux, nous nous sommes retrouvés propulsés. La radio, la télévision… Pendant trois jours je n’ai fait que répondre au téléphone. Je ne m’y attendais pas du tout et encore moins à gagner le Prix du Jury ! Cela faisait seulement un an que j’avais commencé mon activité. Grâce à ce challenge, nous avons pu refaire les parcs des animaux qui seront d’ailleurs bientôt terminés.

Vendredi

Depuis 2019, nous accueillons des groupes (scolaires, familles, loisirs, seniors, handicap…) dans notre ferme pédagogique. L’accueil est plutôt saisonnier, entre avril et octobre. Cet été, la ferme a accueilli un millier de personnes, les gens aiment bien venir (re-)découvrir notre métier, et en même temps c’est normal, de souhaiter connaître d’où provient sa nourriture, et de quelle manière elle est produite. J’ai toujours eu ce projet en tête. Avant, j’étais animatrice en centre équestre et j’adorais voir les enfants et notamment les écoles, découvrir le monde du cheval.

En tant qu’agricultrice, c’est un devoir pour moi de communiquer sur mon métier. D’autant plus qu’aujourd’hui, l’agribashing fait des ravages. Avant d’ouvrir au public, nous avons créé des zones de circulation pour rendre la ferme piétonne. C’était important d’aménager les espaces d’accueils, la sécurité c’est primordial. Dès la première année, le succès fut au rendez-vous !

En 2020, nous avons donc décidé d’aménager une salle pour accueillir différents ateliers. Ici, vous pouvez participer à la fabrication du beurre, fêter votre anniversaire, pique-niquer à l’abri, ou bien faire des réunions. Elle dispose d’une cuisine, et nous sert aussi pour les repas d’ensilage et le café du matin. Nous accueillons des groupes, jusqu’à 50 personnes, mais vous pouvez aussi venir en famille, lors des différentes animations proposées, pendant les vacances, et certains mercredi et/ou samedi, en période scolaires. Cet été, j’avais au moins trente appels par jour. J’ai donc trouvé un système pour répondre à tout le monde, en passant par la réservation en ligne. (www.lapetitearchedelavallee.com)

Aujourd’hui, nous ne proposons pas d’hébergement à la ferme, mais la salle et son bloc sanitaire permettront sûrement de développer ce projet, à moyen terme. À plus court terme, je souhaite faire profiter aux producteurs et artisans du coin, de la fréquentation des touristes et locaux, notamment à l’été, en proposant prochainement, une épicerie. Je suis donc à la recherche d’un chalet, pour créer ce nouvel espace de vente. L’été, beaucoup de citadins se félicitent de manger bio et d’acheter directement aux producteurs locaux. Ce que nous soutenons fortement. Mais ces types productions ne sont pas accessibles à tous, nous les premiers… Tout le monde n’a pas la possibilité d’acheter bio ou sous label, ni le temps, de faire bon nombre de magasins pour remplir son cadi. C’est pourquoi, les hypermarchés ne sont pas près de fermer ! Lors de la visite de la ferme, le sujet de l’alimentation est forcément abordé, avec notamment les aliments proposés en grande surface. C’est l’occasion de rappeler que les produits français sont TOUS, de qualité sanitaire irréprochable, et que toutes les agricultures ont leur place dans les rayons des magasins. C’est un meilleur étiquetage qui est nécessaire, pour que les consommateurs puissent acheter en pleine conscience, les produits qu’ils aiment, à des tarifs vraiment rémunérateurs pour les producteurs !

Prochaine étape : Halloween, et les autres animations, pendant les vacances de la Toussaint, les inscriptions sont ouvertes depuis lundi.

Ça a été un réel plaisir de partager avec vous mon quotidien ! Bon week-end à tous 🙂