Yann Métayer

Yann Métayer
Maraîcher
Plomeur (29)

Lundi

Merci à André pour son témoignage de la semaine dernière !
Je m’appelle Yann Metayer et je suis arboriculteur/maraîcher exotique sur la commune de Plomeur dans le Finistère. J’ai monté ma structure Ty Tropik cette année et comme son nom l’indique, je produis des fruits exotiques à l’ouest. Mais aussi des légumes anciens, des agrumes rustiques, des épices du monde et des plantes bio 🙂
Je travaille avec deux salariés à mi-temps et avec l’aide de mon père.
J’ai un parcours qu’on peut qualifier d’atypique. J’ai fait un BAC S suivi d’une licence d’économie-gestion et un master d’analyse politique et économique. J’ai aussi obtenu un master en école de commerce en management des hommes et en communication de crise.
Suite à mes études, j’ai pas mal voyagé un peu partout dans le monde. J’ai été directeur d’entreprise de réinsertion professionnelle. J’ai aussi été professeur d’économie et de maths, notamment en Guyane. J’ai profité de tous mes voyages pour apprendre sur mes passions : la cuisine du monde, les épices, les voyages…
Ajoutez à cela une famille dans l’horticulture, auprès de laquelle j’ai beaucoup appris. Quand j’étais ado, avec mon père, on s’amusait déjà dans le jardin à essayer de faire pousser des fruits exotiques à base de noyaux, graines, boutures… et on essayait de faire pousser des fruits de la passion. Chose qu’on a réussie avec des plants mères dans le jardin de mon père qui a 17 ans. C’est le point de départ de mon projet et de mon aventure professionnelle.
Je vous invite, durant cette semaine en ma compagnie, à me poser des questions en commentaires !

Mardi

Mon projet de produire des fruits et des légumes exotiques à la pointe bretonne en a étonné plus d’un.
Pour prouver que le projet était réalisable, nous avons mis en place, au préalable, une procédure administrative et scientifique afin d’avoir un cadre professionnel. Il faut voir si ce qui fonctionne dans un jardin est déclinable à grande échelle. J’ai commencé mon expérience sur 3 500 m² avec les fruits de la passion en extérieur et en intérieur. Si cela marche pour ces fruits délicats, cela devrait fonctionner pour d’autres, j’ai donc décliné mon modèle.
On a testé entre 2500 et 3000 variétés pour voir leur adaptabilité au sol, au léger gel breton, aux embruns, aux écarts de température, mais aussi pour évaluer le goût, la qualité de productivité… Et il fallait que ça convienne au grand public comme à des chefs. En 6 ans, nous avons sélectionné entre 250 et 400 variétés. À terme, notre objectif serait de créer notre propre variété.
Nous visons aussi le zéro déchet avec le développement d’un pôle de transformation et de valorisation de tout ce qui n’est pas calibré ou un peu déformé, car les magasins ne prennent généralement pas ces produits.

Mercredi

Nous avons aussi une activité de pépiniériste, je réalise moi-même mes plantes. Tout ce qu’on propose à l’assiette, on le propose aussi en graine. L’idée est d’avoir un circuit fermé et de tout faire par nous-même.
Toute l’eau qui tombe sur les chapelles des serres ruisselle, avant d’être récupérée par les gouttières. L’eau est stockée puis sert à arroser les cultures. Le procédé s’accompagne d’un paillage et d’un goutte-à-goutte afin de limiter notre consommation. Avec une étude, on s’est rendu compte qu’on consommait entre 20 et 50 fois moins d’eau que la normale.
Le paillage sert d’occultant (il protège le pied de la plante), il capte l’eau dans l’air humide la nuit puis résorbe l’eau par la chaleur durant la journée. Le tout est fertilisé par de la fiente de volaille.
J’ai noué des relations avec les paysagistes du secteur qui viennent me déposer leurs déchets de tonte. Le paillage m’apporte le carbone et la tonte, de l’azote.

Jeudi

La serre est adaptée en fonction de la culture principale. J’ai mis les attraits pollinisateurs et j’ai fait ce qu’il faut pour attirer la lutte biologique intégrée. J’y ai ajouté des cultures secondaires et tertiaires le temps que ma culture principale soit en plein développement.
Tout est imbriqué. Tous les 3 mètres, il y a une plante type oranger, citronnier, Kumquat, et entre chaque pied, nous plantons des cultures annuelles. Dans les interstices, nous trouvons les légumes de saison (poivrons, tomates, aubergines, piments) afin d’optimiser et de valoriser au maximum l’espace.
De plus, aux pieds des agrumes et à l’entrée de la serre, on place des plantes à attrait pollinisateur.
Pour éviter que les oiseaux mangent les cultures, on dispose des bassins un peu partout. Généralement, ils mangent les fruits pour s’hydrater et non se nourrir. Cela permet d’éviter que les oiseaux picorent la production. Nous avons dégagé les arbres afin que les 6 espèces de rapaces référencées sur le site puissent se poser. Nous avons aussi pour projet à terme de rajouter des poteaux de 8 à 10 m.

Vendredi

Notre charge de travail est répartie tout au long de l’année.
Nous avons l’activité de maraîchage en juin/juillet/août, combinée avec les exotiques sur la période de septembre/ octobre/novembre/décembre. 6 mois de l’année, nous nous concentrons sur l’activité de bouche.
En février, mars, avril, nous nous occupons de la partie pépinière avec soit la vente des graines soit la fabrication des plants pour quelques professionnels et surtout le grand public. Tout ce que les gens peuvent trouver à l’assiette, ils peuvent le retrouver en plants pour le planter chez eux.
Nous distribuons notre production en vente directe, dans des magasins bios spécialisés, cantines scolaires, des entreprises de transformation/valorisation (rhum, whisky, algues, ketchup …) ou à des restaurateurs. Nos produits sont appréciés, car soit ils ne sont pas connus, soit ils n’ont pas cette qualité ou cette fraîcheur parce qu’ils ne viennent pas de l’autre bout du monde.
Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à venir pour déguster nos produits ou faire une visite. Vous pouvez nous retrouver sur les réseaux sociaux : Ty Tropik. À bientôt !